Brexit: pourquoi la mobilisation des douaniers joue les prolongations

Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin campe sur sa proposition faite le le 12 mars d'une enveloppe de 14 millions d'euros pour les 17.000 douaniers et la promesse de 700 recrutements en plus. - Charly Triballeau-AFP
Les douaniers, qui redoutent un surcroît de travail dans la perspective du Brexit, n'en ont pas fini avec leur mouvement de protestation. Ils s'opposent à ce sujet à leur administration depuis le début du mois de mars.
Alors que sont finies depuis la fin mars les longues files de camions aux abords du tunnel sous la Manche et les retards en série pour les Eurostar à destination de Londres, provoquées par leurs grèves du zèle, les douaniers ont relancé des actions au niveau des directions générales inter-régionales.
Des manifestations à Montreuil et Montpellier
Ce jeudi matin, environ 250 douaniers, selon la CGT douanes, ont manifesté devant la direction de Montpellier. Une mobilisation de même ordre a également eu lieu devant le siège de la direction générale des douanes et droits indirects à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Les manifestants, portant drapeaux ou chasubles aux couleurs des syndicats CFDT, CGT, FO, Solidaires et Unsa, ont pénétré dans le hall de l'immeuble, où ils ont copieusement hué le directeur général adjoint, Jean-Michel.
"Cela fait 15 jours qu'on demande une reprise des négociations. Les contacts ne sont pas totalement rompus, mais on ne nous donne pas de date" pour une réunion, a déclaré David-Olivier Caron, secrétaire général de la CFDT-Douanes, premier syndicat de la profession.
Les agents des douanes réclament depuis cinq semaines une revalorisation de leurs primes de risques, de leurs primes pour les heures de nuit, ainsi que des renforts d'effectifs pour faire face au Brexit, dont l'échéance approche.
Face à cette grogne, le ministre Gérald Darmanin et Bercy campent sur leurs propositions du 12 mars, à savoir une enveloppe de 14 millions d'euros pour les 17.000 douaniers, à charge pour les organisations syndicales de s'entendre pour sa répartition. Une proposition rejetée par les syndicats, qui l'ont jugée insuffisante, réclamant que l'enveloppe soit portée à 20 voire à 25 millions d'euros.
Depuis la mi-mars, plusieurs réunions ont eu lieu entre les syndicats et la direction des douanes, sans qu'un terrain d'entente ne soit trouvé. puisque l'administration de Bercy campe sur ses propositions d'enveloppe financière.
Un Brexit reporté devrait prolonger les négociations avec Bercy
Face à la perspective du Brexit, Bercy a aussi lancé 700 recrutements ces derniers mois au profit de la Direction des douanes. Un chiffre encore une fois jugé insuffisant par les syndicats et que Bercy s'est engagé à faire évoluer si nécessaire.
"Les effectifs alloués pour le Brexit sont largement insuffisants puisque les 700 emplois supplémentaires annoncés vont en partie combler les trous liés aux suppressions d'emplois. Ce sera en fait plutôt 500 emplois supplémentaires au niveau national. C'est très insuffisant puisque le Brexit c'est la remise en place d'une frontière. Il faut des infrastructures. Les bureaux ne sont même pas sortis de terre, donc le fait que le Brexit soit repoussé n'est pas forcément un mal pour nous" a déclaré sur l'antenne de BFMTV, Vincent Thomazo secrétaire général du syndicat UNSA douanes.
Autrement dit, l'échéance du Brexit "dur" s'éloignant et le report flexible jusqu'au 31 octobre 2019, donnent aux syndicats et à l'administration des douanes un peu de temps pour trouver un terrain d'entente.