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Finances publiques

Quel bilan de François Bayrou après 4 ans en tant que Haut-Commissaire au Plan?

François Bayrou et Emmanuel Macron à Pau, le 18 mars 2022

François Bayrou et Emmanuel Macron à Pau, le 18 mars 2022 - Ludovic MARIN © 2019 AFP

François Bayrou vient d’être nommé Premier ministre ce vendredi, l’occasion de revenir sur 4 ans à la tête du Haut-Commissariat au Plan.

Le verdict est tombé: François Bayrou est nommé nouveau Premier ministre du gouvernement d’Emannuel Macron ce vendredi. Ancien ministre de l’Éducation sous Balladur et Juppé de 1993 à 1997, le maire de Pau n’avait rejoint Matignon qu'en 2017 en tant que garde des Sceaux pendant un mois.

En septembre 2020, ce dernier regagne l’Elysée avec une mission annexe rattachée au secrétariat général du gouvernement en tant que Haut-Commissaire au Plan. Un organe dédié à la prospective qui cherche à "avoir de l’influence" et non du pouvoir, résumait François Bayrou lors d’une audition au Sénat en novembre 2020.

Le commissariat général au Plan a historiquement été créé par le général de Gaulle en 1946 pour s’occuper de la planification économique de la France. Le service dépendant du Premier ministre a été ressuscité en 2006 par Jacques Chirac en tant que Centre d’analyse stratégique (CAS). Puis François Hollande l’a rebaptisé France Stratégie en 2013, ou officiellement le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP). Le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dont François Bayrou a repris la conduite 7 ans plus tard dispose justement du concours de France Stratégie.

Un agenda bien chargé

Début des travaux en 2020, le HCP produit sa première note titrée “stratégie de reconquête face à la dette Covid” et dans laquelle il est recommandé un “plan Marshall” de 200 à 250 milliards d’euros. Une perspective écartée par Bercy qui optera pour un plan France 2030 muni de 30 milliards d’euros.

Il faut dire que François Bayrou effectue cette mission à titre gratuit et celle-ci ne semble pas trop chronophage puisqu'en parallèle François Bayou a aussi été réélu président du Modem en décembre 2020, mais aussi maire de Pau 5 mois plus tôt. Ainsi, l’agenda du Béarnais est déjà largement rempli de réunions avec les cadres Modem et autres conseils municipaux de sa ville, où il serait à ce titre présent 3 à 4 jours par semaine.

Muni de 350.000 euros de budget annuel ainsi que 150.000 euros au titre du Conseil national de la refondation, le HCP dispose d’une "équipe resserrée, composée du Secrétaire général, du Rapporteur général, de la Cheffe de cabinet et d’une équipe de conseillers et chargés de mission", peut-on lire dans une offre d’emploi de septembre 2023.

Des notes qui peinent à s'imposer

Seulement une dizaine de notes ont été produites, majoritairement sous forme de synthèses et de recommandations, touchant à divers sujets comme l’indépendance stratégique, la relance de l’économie sous fond de dette Covid, mais aussi le nucléaire, la démographie, l’agriculture et les retraites. Mais ces notes sont jugées peu pertinentes par certains, en majorité issus de la droite libérale, qui estiment que l’impact sur la planification d’État est minime.

“Les notes que nous avons produites, sur le nucléaire, sur la dette, sur la reconquête de la production ou sur la démographie, par exemple, ont, je crois, été utiles au président dans sa réflexion. Nous avons contribué à changer l’approche de l’opinion sur ces sujets sensibles”, justifiait François Bayrou au Monde en 2020.

En avril dernier, le maire de Pau avait justement dû justifier son travail en tant que haut-commissaire au Plan lors d’un débat programmé par les sénateurs écologistes sur le thème "haut-commissariat au plan: quel bilan et quelle influence sur les politiques publiques depuis 2020?". "C’est peu dire que nous restons sur notre faim", lançait le sénateur Daniel Salmon en introduction, regrettant que la note sur l’agriculture ne présente pas de "planification écologique digne de ce nom".

"Le problème du haut-commissariat au plan et à la prospective, ce n’est pas la qualité de ses travaux, c’est que personne ne les applique. [Ils] ne servent qu’à garnir des bibliothèques", taclait Vanina Paoli-Gagin. Dans plusieurs notes de ”réponse”, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a également pointé plusieurs faiblesses, expliquant par exemple que “la pauvreté et la précarité s’aggravent de manière inquiétante, ce qui est trop succinctement traité” par le HCP.

Pierre Berthoux