Des élus CGT à nouveau condamnés pour avoir bloqué un Monoprix

Monoprix est en négociations exclusives avec Sarenza. - Kenzo Tribouillard - AFP
Le tribunal judiciaire de Paris a, comme début décembre, condamné mardi plusieurs élus CGT assignés pour avoir entravé le fonctionnement d'un Monoprix mais n'a en revanche pas accordé les indemnités réclamées par la chaîne de magasins, selon l'ordonnance obtenue jeudi par l'AFP.
Le juge des référés a estimé que l'intrusion de 14 manifestants dans le magasin Monoprix La Fourche le 3 octobre portait "illicitement atteinte à la liberté du commerce" et "occasionnait indéniablement un grief de désorganisation du magasin".
Le tribunal a ordonné aux élus "de ne pas renouveler" leurs agissements dans un magasin Monoprix, sous peine d'astreinte provisoire de 1.000 euros par infraction et par personne. Il a cependant indiqué, contrairement à ce qu'avait plaidé l'enseigne, que "le préjudice d'atteinte à la liberté de circulation n'apparaissait pas établi".
Monoprix, qui avait demandé à ce que chacun des élus CGT soit condamné à lui verser 400 euros au titre de préjudice commercial, a également été débouté sur ce point. Les élus condamnés sont issus d'un collectif formé en novembre 2019 avec l'appui du syndicat CGT. Il a organisé plusieurs manifestations similaires baptisées "samedis de la révolte" pour réclamer le versement intégral de la "prime Covid" de 1.000 euros à tous les salariés.
Dans le cadre de cette action, une quinzaine de personnes revêtues d'un gilet rouge siglé CGT avaient pénétré dans le magasin le 3 octobre, s'étaient répandues dans les allées au milieu des clients avant de formuler des revendications à l'aide d'un mégaphone et d'évoquer les conditions de travail.
"Monoprix veut tuer le syndicalisme"
Le tribunal a également condamné 13 délégués du personnel, admis au bénéfice de l'aide juridictionnelle, à payer une indemnité de 3.000 euros en "dédommagement des frais" engagés par Monoprix pour l'assignation devant la justice. La 14e personne n'ayant pu être identifiée sur place, l'action judiciaire à son encontre a été éteinte.
Dix des 14 élus CGT assignés faisaient déjà partie d'un groupe de 18, condamnés à l'identique le 3 décembre pour des agissements similaires le 12 septembre dans le magasin Monoprix Convention (XVe arrondissement).
"C'est le copié collé de la décision du 3 décembre alors que le contexte n'était pas le même, a déploré Alain Tsamas, animateur du collectif CGT. Le juge n'a pas voulu déjuger son collègue. On ne comprend pas cette décision".
"On manque de personnel et Monoprix veut tuer le syndicalisme. On est déterminés, on va poursuivre nos actions en restant dehors", a-t-il encore indiqué en annonçant des rassemblements les 20 et 27 février.
Le collectif, qui indique que son appel de la décision du 3 décembre sera examiné le 9 mars, a également fait part de son intention de faire invalider ce nouveau jugement.
Ce collectif "n'a, faute de statuts, pas d'existence légale et ne représente donc en aucun cas les près de 16.000 salariés de Monoprix", rappelle la direction, "engagée à maintenir un dialogue social constructif et permanent". "Monoprix n'a aucunement attaqué un syndicat mais bien des individus qui n'ont pas respecté la loi".
