Foie gras: la grippe aviaire et la flambée des coûts mettent les producteurs sous pression

Pour les fêtes de fin d'année, le foie gras risque d'être plus rare et plus cher. Les producteurs sont en effet face à un double obstacle: les conséquences d'une grippe aviaire particulièrement virulente et la forte hausse de leurs coûts notamment en matières premières.
Lors de sa conférence de presse annuelle, la filère (Cifog) a tiré le signal d'alarme. "Depuis l’automne, la filière est confrontée à son 4e épisode d’influenza aviaire. D’une extrême agressivité, il a entraîné la mise à l’arrêt complet des élevages d’un territoire du Sud-Ouest, qui représente 40% de la production française". Deux millions de canards ont été abattus.
"Et, alors que le processus de redémarrage doit débuter le 29 mars prochain dans cette région, c’est désormais au tour des Pays de la Loire d’être touchés depuis fin février. Cette arrivée soudaine et inattendue concerne localement toutes les productions avicoles, sans distinction, et assombrit encore un peu plus les perspectives de la filière pour 2022", souligne le Cifog.
Une production en chute de 30% entre 2018 et 2021
Et de rappeler qu'entre 2019 et 2021, la production française a déjà chuté de plus de 30% passant de 18 à 12 millions de tonnes. 2022 ne devrait donc pas déroger à cette tendance.
Dans le même temps, la hausse des coûts, notamment de 22% pour les aliments sans parler de l'énergie, provoque "une situation dramatique" pour les professionnels, souligne la filière qui réclame des efforts de la grande distribution pour faire remonter les prix.
"Dans ces conditions extrêmes, la filière regrette le manque de solidarité de certains distributeurs et appellent à de nouvelles négociations commerciales. La situation est en effet critique pour beaucoup de professionnels, dont les coûts s’accroissent de façon exponentielle et bien au-delà des matières premières agricoles. Seule une revalorisation des prix de la part de la distribution peut leur permettre d’envisager la poursuite de leurs activités", s'inquiète le secteur.
"Déni" de la grande distribution
"Ce déni face à une conjoncture inédite met en très grand danger une filière et ses entreprises déjà économiquement très fragilisées, qui font travailler 5000 éleveurs en France et font vivre près de 100.000 personnes dans les territoires de production", poursuit le Cifog.
Son président, Éric Dumas dénonce "un dialogue de sourds. Le dispositif souhaité dans le cadre de la loi Egalim2 ne fonctionne pas ! L’esprit de la loi n’est pas respecté par les distributeurs: les coûts de production de la partie agricole qui devaient être sanctuarisés ne le sont même pas dans leur intégralité. De plus, les surcoûts des entreprises de transformation ne sont pas non plus pris en compte dans le cadre de ces négociations".
Consolation pour les producteurs, l'appétence des Français pour le foie gras reste forte. Neuf Français sur 10 disent en consommer et en 2021, les ventes ont progressé de +0,8% en valeur sur le marché de la consommation à domicile, tandis qu’elles sont restées stables en volumes. Si le taux de ménages acheteurs reste supérieur à celui de la période pré-covid, il a cependant diminué par rapport à 2020, année exceptionnelle passant de 42,7% à 40,5%.