Emballages en plastique interdits pour les fruits et légumes : une mesure qui touche d’abord le bio

C’est le paradoxe que tout un chacun peut constater lorsqu’il fait ses courses au supermarché. Au rayon "primeur", les fruits et légumes bio sont presque systématiquement vendus emballés. Et le plastique est le plus souvent de la partie.
A quoi tient cette propension de la grande distribution à éviter la vente en vrac pour les pommes, les oranges, les bananes ou les tomates cultivées sans pesticides? L'explication tient en deux raisons majeures. D’abord éviter les mélanges accidentels entre produits bio et conventionnels. Mais surtout, éviter triches et erreurs lors de la pesée.
La tentation de faire passer du bio pour du conventionnel
Quand elle est effectuée par le consommateur, la tentation est forte de faire passer une pomme, une banane ou une orange bio pour conventionnelle. Les fruits et légumes certifiés AB ne coûtent-ils pas en moyenne 44% plus cher selon l’association CLCV? Et si la pesée se fait à la caisse, les risques d’erreur ou de contestation augmentent du fait de la multiplication des codes tarifaires et de la difficulté à distinguer visuellement le bio du non-bio.
Ces fruits et légumes certifiés sans pesticides seront donc les premiers impactés par l’interdiction progressive du plastique qui entre en vigueur le 1er janvier 2022. Car ils constituent une part importante des 37% des primeurs vendus emballés dans les grands surfaces.
D'autant qu'ils seront moins concernés par les exemptions prévues par la loi*. L'une d'elle stipule que les distributeurs pourront par exemple continuer à vendre sous filet en plastique, des fruits ou légumes vendus par lot d’au moins 1,5 kilo. Encore faut-il que les consommateurs se laissent tenter par l’achat de produits aussi onéreux en telle quantité.
Des emballages écologiques plus coûteux
Les produits labellisés "AB" sont souvent vendus dans des conditionnements de taille plus réduite que la normale pour masquer en partie leur cherté. On peut citer l’exemple du beurre bio Isigny Sainte Mère conditionné dans des plaquettes de 200 grammes pour tenter de masquer sa différence de prix au kilo.
Pour continuer à vendre emballée sa gamme de fruits et légumes bio, la filière (grande distribution et ses fournisseurs) va donc devoir utiliser des emballages écologiques offrant les mêmes qualités que le plastique: légèreté, transparence et résistance. Les matériaux existent, mais leur prix est plus élevé et cela suppose de modifier les lignes d’emballage. Des surcoûts qui seront répercutés sur les prix. Et le bio sera le premier impacté.
*Le décret dévoilant la liste des fruits et légumes exemptés de l'interdiction du plastique est paru ce mardi 12 octobre. Il s'agit des fruits et légumes "présentant un risque de détérioration à la vente en vrac", soit:
- Les tomates à côtes, les tomates allongées relevant du segment Coeur, les tomates cerises ou cocktail (variétés minatures), les oignons primeurs, les navets primeurs, les choix de Bruxelles, les haricots verts, le raison, les pêches, les nectarines et les abricots jusqu'au 30 juin 2023.
- Les endives, les asperges, les brocolis, les champignons, les pommes de terre primeur, les carottes primeur, et les petites carottes, jusqu'au 31 décembre 2024.
- La salade, la mâche, les jeunes pousses, les herbes aromatiques, les épinards, l'oseille, les fleurs comestibles, les pousses de haricot mungo, jusqu'au 31 décembre 2024.
- Les cerises, les canneberges, les airelles, et les physalis, jusqu'au 31 décembre 2024.
- Les fruits mûrs à point, c'est-à-dire les fruits vendus au consommateur final à pleine maturité, et dont l'emballage présenté à la vente indique une telle mention, jusqu'au 30 juin 2026.
- Les graines germées, jusqu'au 30 juin 2026.
- Les framboises, les fraises, les myrtilles, les mûres, les groseilles, la surelle, la surette et la groseille pays, les cassis, et les kiwaïs, jusqu'au 30 juin 2026.
