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Coronavirus: les ventes de produits de grande consommation explosent

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- - SEBASTIEN BOZON / AFP

En France, les ventes de produits alimentaires, d'hygiène et de papeterie ont crû de 38% la deuxième semaine de mars par rapport à la même période en 2019 selon le cabinet Nielsen. Du jamais vu en France.

Entre le 9 et le 15 mars, les ventes de produits de grande consommation ont connu une progression jamais vue en France. Le chiffre d’affaires global des magasins qui les distribuent a explosé de 38%. Leurs recettes sont ainsi passées de 2 milliards d’euros à plus de 2,7, selon une étude du cabinet spécialiste de la grande distribution, Nielsen, parue ce samedi.

Cette hausse des achats a vraiment commencé au passage en stade 2 de la pandémie, le 28 février dernier, note Nielsen. Ensuite, à chaque déclaration du président de la République ou du Premier ministre, les 12, 14 puis 16 mars, des "achats de panique" ont suivi, constatent les auteurs de l’étude. 

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Nielsen © Nielsen

Les Français se ruent sur la papeterie

Parmi les rayons qui rencontrent le plus de succès, celui de l’hygiène-beauté fait la course en tête avec des ventes en hausse de 85%. Viennent ensuite l’épicerie salée, avec une croissance de 71% du chiffre d’affaires, et le rayon papier -à l’heure où les Français doivent se rédiger des autorisations de sorties format A4- avec 69% de ventes en plus.

Ces augmentations se sont poursuivies la semaine du 16 au 20 mars, mais cette fois tous les rayons en profitent, d'après Nielsen. Celui de l’alcool par exemple, a vu ses ventes progresser de 7%, et celui des glaces de 9%, alors qu’ils "avaient jusqu’ici peu profité des achats de précaution". Nielsen souligne par ailleurs que depuis début mars, le ticket de caisse moyen des clients a significativement augmenté, "dépassant parfois 500 voire 600 euros". 

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Substitution des déjeuners pris à l’extérieur

Pour le cabinet, les produits de grande consommation vont continuer à connaître des ventes records.

Même si "les foyers se sont déjà bien stockés ces dernières semaines, le confinement national crée un environnement totalement nouveau, avec notamment la substitution des déjeuners pris à l'extérieur (cantines, restaurants d’entreprise, fast-foods, brasseries…) par la prise de repas à domicile. C'est ce besoin mécanique de davantage de produits alimentaires qui va nourrir la croissances des semaines à venir - malgré de nouvelles contraintes pour faire les courses".

Mais à l’avenir, ce sont les ventes en ligne qui devraient s'accaparer l'essentiel de cette croissance des besoins. Cette progression a d'ailleurs déjà commencé sur les livraisons à domicile et les retraits aux "drive" des supermarchés.

"Sur la partie alimentaire, on a observé ces dernières semaines des croissances" des ventes sur internet "extrêmement importantes dans toutes les géographies" touchées par le coronavirus, relève Stéphane Charvériat, directeur associé senior au sein du cabinet BCG, évoquant "des hausses comprises entre 40% et 60%" par rapport à l’année dernière.

Selon lui, les livraisons à domicile ont même bondi au minimum de 70% et jusqu'à 100%, tandis que la progression est un peu plus modérée pour les retraits en supermarché (+30 à 40%). La fréquentation des magasins continue toutefois "à être relativement bonne", précise l'expert.

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En France, les ventes de l'e-commerce ont progressé quatre fois plus vite que celles des magasins physiques du 2 au 8 mars par rapport à l'année passée, souligne une étude du cabinet Nielsen. Les ventes de gants de ménage explosent (+174%) par le biais du "drive", devant les pâtes (+114%) et le riz (+111%).

Ces hausses poussent les distributeurs à changer très vite d’organisation. Par exemple Franprix, enseigne du groupe Casino, doit gérer un déluge de commandes en ligne. "Nous faisons le maximum pour garantir aux clients les délais les plus courts mais face à l'afflux massif, effectivement de facto les délais de livraison peuvent être plus longs", explique un porte-parole du groupe Casino. Comme d’ailleurs chez CDiscount, autre marque du groupe Casino, afin que “cet afflux de commandes reste compatible avec les règles de distanciation strictes organisées en entrepôts”, soutient le porte-parole de Casino. 

Nina Godart avec AFP