Coronavirus: les pêcheurs restent à quai faute de clients pour leurs poissons

Les ports de pêche sont à l'arrêt ( photo d'illustration) - Mychele Daniau - AFP
Turbot, barbue, coquille Saint-Jacques, langoustines... ces produits de la mer d'ordinaire si prisés ne trouvent plus preneur depuis la crise du coronavirus. Les restaurants et les cantines scolaires, qui offrent de nombreux débouchés, sont fermés. Les consommateurs se sont rués dans les supermarchés, mais ils ont rempli leur charriot de produits de première nécessité et de longue conservation, sans passer par le rayon poissonnerie.
En toute logique, les prix s'effondrent : les langoustines sont vendues à 6,80 euros le kg contre 12 à 13 euros la semaine dernière, la sole à 8 euros contre 17, le turbot à 12 contre 35, a constaté l'AFP.
Les pêcheurs préfèrent rester à quai. "Les prix ont chuté de moitié car les les ventes sont au plus bas, ce n'est pas la peine d'exploiter la ressource pour qu'une partie des volumes soit ensuite congelée ou transformée en farines de poissons", explique aux Echos Soazig Palmer-Le Gall, propriétaire de 11 chalutiers au Guilvinec (Finistère).
L'organisation professionnelle le Pêcheurs de Bretagne a été contrainte de prendre la décision de suspendre ses prix d’ordre d’achat pour une durée indéterminée. Une décision qui va provoquer la mise à quai des bateaux dans les jours à venir, les derniers devraient rentrer en fin de semaine.
Quel niveau d'indemnisation pour les marins ?
A Boulogne-sur-mer aussi, la situation est figée. Les 80 chalutiers sont rentrés au port. Les prix de vente sont tellement bas que les frais des pêcheurs ne sont pas couverts.
A Lorient, pour le moment, la criée reste ouverte. Le préfet du Morbihan a demandé de maintenir le service pour garantir aux consommateurs une large variété de produits alimentaires. Les spécialistes de la découpe en filets de lieu, vendus ensuite en barquettes individuelles, arrivent encore à trouver quelques clients.
Olivier Le Nézet, le président du comité régional des pêches de Bretagne, fait par de son inquiétude à l'AFP: "Il faut continuer à produire, même avec moins de volume, que les mareyeurs s'y remettent, que les GMS (grandes et moyennes surfaces) jouent le jeu et que les consommateurs achètent du poisson (...) on est sur de la cueillette; sans continuité de la filière, tout va s'arrêter".
Se pose la question de l'indemnisation des marins. Ils vont être mis au chômage partiel, grâce au dispositif de soutien mis en place par le gouvernement. Mais ils ne savent pas encore quel sera leur niveau de rémunération, leur salaire étant en partie assuré par des primes en fonction des volumes de poissons péchés.