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Coronavirus: la Répression des fraudes fait la chasse aux arnaques sur Internet

La cellule numérique des services d'enquête de la DGCCRF, à Paris, s'échine à débusquer les arnaques en ligne, tirant profit des craintes et des doutes liées à la période d'incertitude née avec l'épidémie.

La cellule numérique des services d'enquête de la DGCCRF, à Paris, s'échine à débusquer les arnaques en ligne, tirant profit des craintes et des doutes liées à la période d'incertitude née avec l'épidémie. - Loïc Venance-AFP

La cellule numérique des services d'enquête de la Répression des Fraudes (DGCCRF) traque les arnaques et pratiques commerciales frauduleuses, notamment en ligne, qui exploitent et tirent parti des craintes suscitées par l'épidémie de coronavirus.

"C'est un miel dépourvu de tout étiquetage, vendu comme produit anti-coronavirus... A 15 euros pièce": les enquêteurs de la Direction générale de la répression des fraudes ont préparé un best-of des "meilleures" arnaques, qui ont fleuri sur les plateformes de vente en ligne ou les réseaux sociaux depuis l'apparition de l'épidémie de coronavirus en France. Sans compter les prix des gels hydroalcooliques qui se sont envolés avant que le décret instaurant un prix maximum ne soit publié ce vendredi.

Du miel, mais aussi une lampe aux étonnantes vertus désinfectantes ou "purificateur d'air" anti-virus... le tout à l'efficacité très relative. "Ici, vous avez une plateforme qui propose de délivrer un document de mise en quarantaine sur la base d'un simple questionnaire", poursuit une enquêtrice, qui présente l'ensemble au secrétaire d'Etat au numérique Cédric O, venu visiter vendredi la cellule numérique des services d'enquête de la DGCCRF, à Paris.

Des milliers de produits ont été déréférencés

"Nous avons fait déréférencer des milliers de produits depuis la semaine dernière", détaille Fatou Diallo, la responsable du service national des enquêtes de la DGCCRF. Plus de 70 personnes réparties sur une petite dizaine de sites internet en France traquent les pratiques commerciales frauduleuses, avec un suivi plus attentif depuis quelques jours sur les produits liés au coronavirus.

"On sait que ces périodes de crise sanitaire, de crise en règle générale, sont propices pour un certain nombre d'arnaqueurs ou de vendeurs, qui vont tenter soit de réaliser des profits abusifs, de vendre des produits illégaux ou de se livrer à des arnaques", observe Cédric O à l'issue de la visite.

Les prix abusivement élevés sont relevés

Les services ce la DGCCRF traquent aussi les petits malins profitant de l'inquiétude ambiante pour "commercialiser des produits à des prix plus élevés, que ce soit sur les gels ou les masques", poursuit Fatou Diallo.

"On a réalisé en début de semaine un relevé de prix en ligne, sur les principales plateformes ou les parapharmacies en ligne, avant d'effectuer des recherches de sites un peu moins connus", détaille Hélène Masson, responsable d'un des services d'enquêtes au sein de la répression des Fraudes. Les agents comparent avec les anciens tarifs pratiqués pour déceler les abus.

8000 signalements de pratiques frauduleuses 

Les Français se sont en effet rués sur les masques de protection et les gels hydroalcooliques, et les prix de ces produits se sont envolés dans certains points de vente. Or, un décret encadre depuis ce vendredi et jusqu'au 31 mai les prix des gels hydroalcooliques, à 3 euros les 100 ml.

Plus de 8000 personnes ont d'ailleurs signalé des pratiques frauduleuses via la plateforme signal.conso.gouv.fr ces trois dernières semaines, dont beaucoup de prix jugés exorbitants.

Quelles sanctions? "La première chose à faire est de retrouver le vendeur, qu'il soit en France ou pas, qu'il ait mentionné une vraie adresse...", expose Hélène Masson. "On a toujours moyen de le retrouver en passant par exemple par l'hébergeur" et "si besoin, il nous arrive aussi de réaliser un achat sur la boutique, pour voir où vont les fonds, si on reçoit bien l'objet..."

Des contrevenants souvent basés à l'étranger 

Les contrevenants sont souvent situés à l'étranger, mais la loi s'applique dès lors que les pratiques produisent leurs effets en France, précise le site de la DGCCRF. Ils encourent jusqu'à deux ans d'emprisonnement et une amende de 300.000 euros.

"Certaines plateformes de commerce en ligne se comportent particulièrement mal, comme la plateforme Wish", pointe aussi Cédric O. "Il est nécessaire que les Français sachent que sur certaines plateformes, ils peuvent faire l'objet d'arnaques, commander des produits qui n'arrivent jamais, ou, pire, de faux médicaments". Le secrétaire d'État a prévu de recevoir mercredi prochain (11 mars) les principales plateformes de vente en ligne pour échanger sur le sujet.

F.B avec AFP (Corentin Dautreppe)