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Comment le gouvernement veut baisser les impôts de 2 milliards d'euros tout en réduisant les déficits

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Baisser la pression fiscale sur les classes moyennes sans aggraver la situation financière du pays. Un pari possible selon le gouvernement qui y travaille.

Emmanuel Macron y tient: lors de son interview ce lundi soir, il a renouvelé son souhait d’une baisse d’impôt sur les classes moyennes. A défaut d’en savoir plus sur la méthode on connaît le montant.

Ce sera 2 milliards d’euros. Un petit "plan Marschall" pour les classes moyennes pour reprendre l’expression du ministre des Comptes publics, Gabriel Attal.

A titre de comparaison, les baisses d’impôt sur le revenu du précédent quinquennat avec la baisse de la 2ème tranche à 11% représentaient un peu plus de 5 milliards d’euros. Et pourtant beaucoup de contribuables n’ont pas l’impression d’avoir ressenti la baisse qui a pourtant été bien réelle. D'ailleurs, selon un sondage BFMTV, si 86% des Français se disent favorables à une baisse, 57% jugent la promesse peu crédible.

Quelles sont toutefois les personnes concernées par cette promesse de baisse? Celles qui gagnent entre 1500 et 2500 euros par mois, selon Emmanuel Macron, soit 8,7 millions de personnes selon les statistiques de l’Insee.

230 euros par personne

Si on divise ces 2 milliards d'euros par 8,7 millions de personnes, on obtient 230 euros par an de gain de pouvoir d’achat, soit une vingtaine d’euros par mois.

Reste à savoir quel impôt pourrait baisser. Plusieurs pistes sont possibles. D'abord la CSG qui génère environ 130 milliards d'euros de recettes par an. Mais cet impôt à taux fixe ne cible pas une catégorie de salariés et le baisser sur une seule catégorie de la population serait inconstitutionnel.

La piste des cotisations salariales dont la baisse permettrait de diminuer l'écart entre le brut et le net est elle aussi possiblement à écarter. Cela menacerait l'équilibre du régime des retraites, ce qui serait contradictoire avec la réforme du début d'année.

Concernant, les droits de succession, là encore le but recherché ne serait pas atteint. Ce sont surtout les Français les plus aisés qui en profiteraient.

Reste l’impôt sur le revenu qui permet de mieux cibler les catégories de population selon leur salaire avec les tranches.

Mais quelle que soit la piste choisie, cela fera de l’argent en moins dans les caisses de l’Etat.

Objectif: réduction des déficits

La France en a-t-elle les moyens? Tout dépend de la trajectoire budgétaire souhaité par le gouvernement. Or ce dernier vise un déficit public de 2,7% du PIB en 2027 (4,7% en 2022) et une dette qui redescendrait à 108% (111,6% à date).

Le tout alors que d'autres baisses sont déjà prévues comme la suppression sur deux ans de la CVAE, un impôt de production sur les entreprises qui rapporte 8 milliards d'euros par an.

Si le pari semble compliqué, le gouvernement est lui plutôt optimiste. Du côté de Bercy on rappelle que des baisses étaient prévues dans le programme d’Emmanuel Macron sur les droits de succession et l'impôt sur le revenu avec la conjugalisation de cet impôt pour les couples non mariés. Il s’agirait donc de prendre les baisses prévues pour les réaffecter vers les classes moyennes.

De plus le gouvernement table toujours sur le dynamisme de l'activité économique pour doper les recettes fiscales. On l'a vu les deux années précédentes, malgré la baisse du taux d'impôt sur les sociétés, les recettes ont battu des records (39,5 milliards d'euros en 2022). La bonne santé sur le marché de l'emploi avec un taux de chômage en baisse constante depuis deux ans a permis d'une part de réduire le montant versé en cotisations chômage et d'engranger d'autre part plus de recettes d'impôt sur le revenu (82,4 milliards d'euros en 2022).

Le gouvernement prépare enfin un plan d'économie de "plusieurs milliards d'euros" pour le prochain Budget de 2024. Bruno Le Maire qui souhaite ramener la dépense publique sous les 54% du PIB en 2027 (contre 57,6% en 2022) compte faire la chasse aux dépenses sociales inutiles ainsi qu'aux dépenses "brunes" (celles qui ont un impact environnemental négatif) ainsi qu'aux aides aux entreprises superflues.

Un objectif auxquels de nombreux gouvernements se sont attaqués ces 20 dernières années sans grand succès jusqu'à présent.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco