BFM Business
Economie

Bayrou souhaite l'exclusion des dépenses militaires des règles européennes sur le déficit

placeholder video
La France est visée par une procédure pour déficit excessif par Bruxelles, alors que son budget pour la défense augmente.

François Bayrou a dit souhaiter que les dépenses militaires soient exclues des règles européennes sur les déficits, dans un entretien au Figaro publié jeudi soir.

"Je partage les idées de ceux qui disent: dans des circonstances si dangereuses, il faut qu'on exclue les dépenses militaires des règles européennes sur le déficit", a déclaré le Premier ministre. "Notre pays a fait les efforts que les autres ne faisaient pas, en construisant son appareil industriel de défense. C'est un atout considérable."

Le Pacte de stabilité et de croissance qui lie les pays qui ont l'euro comme monnaie unique impose aux États de limiter le déficit public à 3% du produit intérieur brut (PIB), sauf circonstances exceptionnelles.

La France peine chroniquement à le respecter, et fait l'objet d'une procédure pour déficits excessifs, qui peut mener à des sanctions européennes si elle ne revient pas dans les clous dans les délais impartis.

Après un déficit public attendu autour de 6% du PIB en 2024, l'ancien Premier ministre Michel Barnier ambitionnait de le ramener à 5,0% du PIB en 2025 avant la censure de son gouvernement le 4 décembre. Son successeur François Bayrou vise 5,4% en 2025.

Les Européens sont sous pression après l'élection de Donald Trump, qui les somme d'augmenter leur budget consacré à la défense et a repris langue avec la Russie pour mettre fin au conflit en Ukraine. Le président américain a notamment déclaré début janvier que les pays membres de l'OTAN devaient accroître leurs budgets de défense à 5% du PIB.

Alliance européenne

Dans cet entretien, François Bayrou se dit favorable à une alliance militaire à l'échelle européenne, sans les États-Unis. "Une organisation de la défense européenne sera la seule solution envisageable". "Nécessité fait loi, et d'abord pour tous ceux qui croyaient que leur sécurité serait toujours sous garantie américaine", a-t-il déclaré.

Le Parlement français débattra lundi à l'Assemblée et mardi au Sénat de la situation en Ukraine et de la sécurité en Europe. Par ailleurs, François Bayrou s'exprime dans cet entretien sur les contours de la "réforme de l'État" qu'il souhaite lancer.

"Notre devoir est d'affronter les défis irrésolus depuis trente ans. Dans les trois mois qui viennent, pour préparer le prochain budget, nous allons partir des missions de l'État, les énoncer en termes compréhensibles par les Français, et les évaluer. Nous allons nous demander si c'est bien à l'État de remplir ces missions et si l'allocation des moyens est la bonne", a-t-il déclaré.

"Le premier objectif, c'est une action publique qui marche. Les Français sont sévères sur leurs services publics, la santé, l'éducation, alors que nous sommes le pays du monde qui dépense le plus pour l'action publique. C'est donc que ce n'est pas seulement une question de moyens, ce sont des question d'organisation. Ma conviction est que ces moyens, considérables, sont mal utilisés", selon M. Bayrou.

Mais comme le quotidien lui demande s'il s'inscrit dans le sillage de l'Américain Elon Musk ou du président argentin Javier Milei, M. Bayrou répond: "ni muskien, ni argentin".

"Je pense simplement qu'on est dans une impasse et que cela ne peut pas durer. L'État, national et local, est formidable dès qu'il y a crise ou catastrophe. Mais en temps ordinaire, il est ressenti comme un frein, et comme inefficace".

VG avec AFP