Achat de Spoutnik par l'Allemagne: "un coup de communication", selon Paris

L'Allemagne a annoncé vouloir discuter avec Moscou de possibles livraisons du vaccin Spoutnik V, sans attendre le feu vert de Bruxelles - Andreas SOLARO © 2019 AFP
Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes Clément Beaune a déploré dimanche un "coup de communication" après l'annonce par Berlin de l'ouverture de discussions avec la Russie pour l'achat de vaccins anti-Covid Spoutnik V.
"Il y a une campagne électorale qui commence en Allemagne (en vue des législatives de septembre). Cela explique aussi qu'il y ait beaucoup d'agitation. Je crois que c'est un coup de communication, que je regrette", a-t-il déclaré dans l'émission "Le Grand Jury" des médias RTL/Le Figaro/LCI.
"Envoyer des signaux (..) qui donnent l'impression qu'il y a des doses dans un frigidaire qui dorment et qu'on n'utilise pas, tout cela n'est pas responsable et n'est pas très sérieux", a-t-il ajouté.
Un outil de "propagande"
Le ministre allemand de la Santé, Jens Spahn, a annoncé jeudi que son pays allait engager des discussions avec la Russie en vue d'un achat éventuel de Spoutnik V, en cas d'approbation du vaccin anti-Covid par les autorités européennes.
"La chancelière Angela Merkel, c'est cela qui compte (...) a été très claire. Elle a dit qu'elle voulait que ce soit dans le cadre européen", a souligné Clément Beaune.
"Le ministre de la Santé lui-même a dit que le vaccin russe, on ne pouvait pas le produire avant deux à cinq mois", en raison des délais pour obtenir son approbation dans l'UE et pour créer des capacités de production qui restent insuffisantes, a-t-il poursuivi.
La question de l'utilisation du Spoutnik est controversée en Europe. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a ainsi reproché récemment à la Russie d'en faire un outil de "propagande" dans le monde.
En Allemagne la pression en faveur du vaccin russe monte, sur fond de critiques à l'encontre du gouvernement quant à la lenteur de la campagne de vaccination.
La Bavière, plus grande région du pays, a annoncé avoir négocié un "contrat préliminaire" en vue de recevoir 2,5 millions de doses du vaccin russe, qui seront fabriquées sur son territoire, sous réserve du feu vert européen.