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Collectionneurs, ils ont lancé la NFT Factory, le premier musée français de crypto-art

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Après avoir grandi parmi les tableaux et livres d'art, Benoît Couty et Thuy-Tien Vo ont décidé de se consacrer à cet écosystème en plein effervescence.

Ils ont grandi parmi les tableaux et les livres d'art classique, fréquenté les musées mais, à 50 ans, leur découverte des NFT a conduit Benoît Couty et son épouse Thuy-Tien Vo à se lancer dans la promotion de l'art numérique.

"Il y a 4, 5 ans, j'ai été amené, en tant qu'avocat, à travailler sur la règlementation fiscale liée aux cryptomonnaies. C'est là que j'ai découvert les NFT", ces objets numériques rattachés à une oeuvre -virtuelle ou réelle- dont ils certifient la propriété, raconte à l'AFP Benoît, chemise blanche, barbe poivre et sel et casquette affichant une ligne de code vissée sur la tête.

Premier musée français dédié au "crypto-art"

Ce code est l'adresse du MoCA, le premier musée français dédié au "crypto-art" qu'il a ouvert en 2018. Pour y accéder, une connexion à internet est nécessaire puisque celui-ci est virtuel et présente quelque 800 oeuvres. Avec lui, le duo entend soutenir cette nouvelle forme d'art numérique, qu'il qualifie d'"engagée" car reposant sur des valeurs mises en avant aux balbutiements d'internet, comme le partage des informations ou les libertés.

Ce "crypto-art", explique-t-il, se distingue de l'art numérique en général par des thèmes récurrents: l'homme et la machine, le questionnement sur la vie et la mort ou le rapport avec un passé lointain comme la Renaissance.

Benoît Couty est également devenu depuis le directeur artistique et le co-fondateur, aux côtés d'une centaine d'autres passionnés, d'une galerie physique dédiée aux NFT près du Centre Pompidou à Paris. Baptisé la "NFT Factory", cet espace d'exposition et de travail, accueillant des cessions de formation, a ouvert samedi. C'est une nouvelle étape pour lui, dont le premier NFT acheté était "un terrain dans le métavers", ces univers numériques présentés comme l'avenir d'internet.

"A l'époque, je pensais que cela pouvait avoir de la valeur. Je me suis promené dans ce métavers et j'ai découvert mes voisins, des artistes qui construisaient leurs propres galeries pour exposer leurs oeuvres digitales dans l'univers virtuel", raconte-t-il.

Parmi eux, Pascal Boyart, premier artiste à avoir créé des NFT à partir de ses oeuvres murales, et notamment d'une fresque, "la Liberté guidant le peuple des gilets jaunes", en référence au tableau d'Eugène Delacroix. Frappé par "l'énergie et la spontanéité de leurs oeuvres, je les ai contactés pour leur proposer de les exposer dans un grand musée (bâti sur son terrain virtuel, ndlr) que j'ai décidé d'appeler musée du Crypto Art".

"Terrier du Lapin"

"Pour me remercier, les artistes m'ont donné leurs oeuvres NFT. D'autres collectionneurs ont voulu les racheter et j'ai compris que ça avait de la valeur. J'ai commencé à en acheter avec Thuy-Tien et l'argent du foyer. Parfois des dizaines, presque tous les jours", se souvient-il.

"Les oeuvres coûtaient 10 euros, 100 euros, début 2019. Aujourd'hui, elles peuvent valoir 10.000, 100.000 euros", ajoute-t-il.

Thuy-Tien Vo, elle, explique avoir "longtemps été spectatrice avant de plonger dans le Rabbit Hole", autrement dit "le terrier du lapin" en français, en référence à "Alice au pays des Merveilles", pour décrire un monde inconnu situé dans une autre réalité.

Pour les trois ans du MoCA fin 2021, le couple a exposé, sur des écrans dans l'ancien musée Pierre Cardin, 50 oeuvres de sa collection permanente et 30 oeuvres créées spécialement pour cet événement.

"C'est là que je suis rentrée pleinement dans cet écosystème et que j'ai décidé d'en faire mon métier en créant une société de conseils", expose-t-elle.

"Moi qui ai été élevée à l'art classique avec des parents collectionneurs, je crois que c'est le crypto-art qui va rester une fois que la fièvre NFT sera retombée, et elle est déjà retombée. On voit en effet qu'il suscite les mêmes rejets, mais aussi les mêmes collaborations et la même émulation que certains mouvements artistiques restés dans l'histoire de l'art comme le pop art", poursuit-elle.

PA avec AFP