En Argentine, l'unité d'enquête qui doit faire la lumière sur le "cryptoscandale" de Javier Milei sur la $LIBRA est dissoute

Le président argentin Javier Milei, ici à Buenos Aires le 30 septembre 2024, est un tenant d'une politique économique ultralibérale - Luis ROBAYO
Cette unité a "rempli sa tâche", selon la présidence argentine qui a dissous mardi l'unité d'enquête, qu'elle avait créée pour enquêter sur d'éventuelles irrégularités autour de la cryptomonnaie $LIBRA, brièvement promue en février par le président Javier Milei.
"Le gouvernement considère que les informations recueillies ont été transmises au ministère public et que l'unité a rempli la tâche qui lui a été assignée", justifie la mesure, publiée au Journal Officiel.
L'unité a été créée en février, et placée "dans l'orbite de la présidence", après l'émergence du "cryptoscandale": la polémique autour de l'épisode qui a vu Javier Milei brièvement relayer, sur son compte X, un projet de cryptomonnaie, la $LIBRA, avant de se rétracter quelques heures plus tard. Entretemps, la monnaie virtuelle avait bondi puis s'était effondrée, provoquant des "pertes en millions pour des acteurs locaux et étrangers", selon les accusations de l'opposition.
Soupçons de manipulation à grande échelle
Plusieurs plaintes ont été déposées par des organismes ou individus, visant notamment Javier Milei et les acteurs du projet $LIBRA, certains aux Etats-Unis. Elles ont été centralisées par une juge et un procureur, chargés d'une enquête. Tout en créant sa propre unité d'enquête en février, la présidence avait d'emblée estimé que Javier Milei n'avait "en aucun cas participé au développement" de la cryptomonnaie $LIBRA. La mission de l'unité visait à recueillir des éléments auprès de la Commission des valeurs boursières (CNV), de la Banque centrale, et d'autres organismes d'Etat, pour les remettre au ministère public.
Une affaire qui place le président dans la tourmente
Javier Milei s'est toujours défendu d'avoir "promu" ladite cryptomonnaie, plaidant qu'en tant que "techno-optimiste fanatique" il avait voulu donner de la visibilité à un projet susceptible de financer des PME argentines de la tech. Puis, voyant le buzz, il s'était rétracté, réalisant n'être "pas au courant des détails du projet".
Le Parlement de son côté a créé une commission d'enquête sur la $LIBRA, et procédé à l'audition du chef du Conseil des ministres, Guillermo Francos. Il a répété aux députés que "le président n'a entretenu ni n'entretient aucun lien (...) avec la monnaie $LIBRA".
Les ministres de l'Economie, de la Justice, et le président de la CNV doivent aussi être auditionnés, mais les députés n'ont pu s'accorder sur le fait de convoquer Karina Milei, Secrétaire générale de la présidence. La juge chargée de l'enquête sur la $LIBRA a en revanche demandé récemment à la Banque centrale la communication d'opérations bancaires par le président, sa soeur, ainsi que de jeunes entrepreneurs argentins qui auraient été associés au projet de la cryptomonnaie.