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Dans les cryptos, Hong Kong et Singapour se disputent la première place en Asie

Deux pièces symbolisant des bitcoins.

Deux pièces symbolisant des bitcoins. - KAREN BLEIER © 2019 AFP

Après la faillite de la plateforme FTX, les pays asiatiques tentent de mieux réguler le secteur.

Luttant pour le titre de première place financière d'Asie, Hong Kong et Singapour se battent aussi pour celui de principal centre régional des actifs numériques, alors que l'élection d'un Donald Trump devenu "crypto-friendly" a inauguré une nouvelle ère pour le secteur.

Après avoir qualifié les actifs numériques d'escroquerie durant son premier mandat, le président américain a changé son fusil d'épaule pendant sa campagne - en partie financée par le secteur - disant son intention de faire des Etats-Unis "la capitale mondiale du bitcoin et des cryptomonnaies".

Signe d'un enthousiasme renouvelé, le bitcoin a battu son record et tutoyé les 110.000 dollars (105.000 euros) le 20 janvier, quelques heures avant l'investiture de Donald Trump.

Un changement de cap qui aura aussi ses effets à Hong Kong et Singapour, deux territoires relativement matures dans le domaine des cryptomonnaies en Asie, où les régulateurs tentant de séduire les plateformes d'échange centralisées (CEX) tout en veillant à ce que les particuliers soient suffisamment protégés.

La SFC, l'autorité de régulation de Hong Kong, a répété mercredi que la région administrative spéciale (RAS) chinoise devait tirer profit de la "liquidité mondiale".Elle a dévoilé une feuille de route complète de 12 initiatives conçues pour favoriser la croissance en améliorant l'accès au marché, en renforçant les garanties réglementaires et en élargissant la gamme de produits d'actifs numériques disponibles.

Il sera ainsi possible pour les plateformes qui bénéficient d'un agrément de proposer des stratégies d'investissement plus risquées telles que les produits dérivés et le prêt sur marge.

"Le mot auquel nous devons toujours penser est la liquidité", a martelé Eric Yip, directeur exécutif de la SFC, lors d'une conférence organisée dans le cadre du salon "Consensus" à Hong Kong.

Plus tôt dans la journée, la directrice générale du régulateur financier, Julia Leung, avait affirmé que "par rapport aux autres centres, nous sommes en fait très concentrés sur les opérations, la liquidité et la protection".

"Entre le marteau et l'enclume"

Après la faillite de la plateforme FTX en 2022, le secteur s'est éloigné de ses origines libres et anti-establishment pour adopter plus de réglementation.

"Il y a eu beaucoup plus de contrôles il y a deux ou trois ans, juste après FTX", a déclaré Hong Fang, directeur général de la plateforme OKX.

OKX, dont le siège est aux Seychelles, fait partie depuis l'année dernière des 30 entreprises à disposer d'un agrément à Singapour, mais a annoncé retirer sa demande de licence à Hong Kong en mai dernier en raison des exigences strictes de la SFC.

La RAS chinoise, qui prône une approche différente, n'a accordé sa licence qu'à dix entreprises, dont la dernière en date à Bullish mardi.

Hong Kong est "numéro deux derrière Singapour" en ce qui concerne la réglementation des cryptomonnaies, selon Evan Auyang, président du groupe Animoca, dont le siège est à Hong Kong, spécialisé dans les NFT (des actifs numériques) et le développement de jeux basés sur la technologie "blockchain".

Néanmoins, Animoca, la banque Standard Chartered et l'entreprise Hong Kong Telecom ont fait part lundi de leur intention d'émettre un "stablecoin" indexé sur le dollar de Hong Kong, compte tenu d'une nouvelle législation favorable.

Sur les six premiers mois de 2024, les plateformes centralisées ont collecté 26,6 milliards de dollars à Hong Kong (25,4 milliards d'euros), soit presque le triple de l'année précédente, et presque le double des 13,5 milliards de dollars (12,9 milliards d'euros) à Singapour au même moment, selon Chainalysis.

Pourtant, "la SFC est coincée entre le marteau et l'enclume", a souligné auprès de l'AFP Me Jonathan Crompton, avocat spécialiste de la réglementation des actifs numériques à Hong Kong.

"Les gens se sont plaints que, d'une part, elle n'est pas assez rapide pour mettre en place un régime réglementaire et que, d'autre part, elle n'a pas fourni assez de protection", a-t-il développé.

La SFC manque de personnel, à l'instar de certaines entreprises du secteur qui rapportent des difficultés à recruter des experts en conformité.

Rebattage des cartes

Hong Kong, Singapour et Dubaï ont consolidé leur statut sous l'administration du précédent président américain Joe Biden, lorsque la SEC, le régulateur américain, était sceptique à l'égard des cryptomonnaies.

Evan Auyang, d'Animoca, estime que le rebattage des cartes aux Etats-Unis influencera les régulateurs du monde entier.En Malaisie et en Thaïlande, les autorités réfléchissent à des changements de politique liés aux cryptomonnaies, tandis que le Japon, la Corée du Sud et le Cambodge ont pris des mesures progressives, selon Bloomberg.

En Chine, l'utilisation des actifs numériques dans les transactions commerciales demeure strictement illégale, et le régulateur des changes a également annoncé des règles de surveillance plus strictes en décembre.

Entretemps, Hong Kong continue de bénéficier du statut de porte d'entrée financière pour la Chine, a déclaré Yat Siu, cofondateur d'Animoca. Hong Kong ne reste pas les bras croisés en se disant: "Regardez les Etats-Unis, nous allons nous contenter de les suivre", a-t-il assuré.

VG avec AFP