"Agissons plus vite et plus fort": le gouverneur de la Banque de France appelle à accélérer sur l'euro numérique

Le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau a appelé vendredi à l'accélération du projet d'euro numérique, version dématérialisée des pièces et des billets, lors d'un événement organisé à Varsovie par le centre de réflexion européen Eurofi.
"La tétanie ou la stupéfaction seraient fatales, et la vitesse est essentielle: agissons plus vite et plus fort" pour "bâtir un euro numérique", a déclaré François Villerou de Galhau.
Ces propos font écho à ceux mardi de Piero Cipollone, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), devant le Parlement européen: l'Europe doit "urgemment" avancer vers une réglementation fixant le cadre du futur euro numérique pour réduire sa "dépendance croissante" vis-à-vis des entreprises de paiement étrangères, avait alors déclaré le haut responsable de la BCE.
Le projet est en train de prendre du retard. Le directeur général des moyens de paiement de la Banque de France Erick Lacourrège évoquait mardi jusqu'à 2030 pour sa potentielle mise en service. Après une phase d'investigation entre octobre 2021 et octobre 2023, l'euro numérique de détail est entré dans une phase "préparatoire" avant une dernière phase dite de déploiement.
Les banques françaises sont "très solides"
Le gouverneur est également revenu vendredi sur l'importance de la régulation bancaire européenne. "Aujourd'hui, un vent fort souffle d'outre-Atlantique avec la tentation dangereuse d'oublier les leçons de la crise bancaire mondiale de 2008", a-t-il déclaré, qualifiant de "grave erreur" la tentation de suivre en la matière l'exemple de l'administration Trump. A la préoccupation de compétitivité souvent formulée par les banques européennes vis-à-vis de leurs consoeurs américaines, notamment sur la marché très international du financement des grandes entreprises, François Villeroy de Galhau a répondu par un principe de hiérarchie des objectifs poursuivis.
"La stabilité financière doit rester primordiale", puisque "le coût des crises bancaires est trop élevé", a-t-il souligné. La compétitivité arrive après.
Le gouverneur s'était toutefois voulu rassurant mercredi sur le plateau du journal télévisé de France 2, répétant que les banques françaises étaient "très solides". Les secousses des marchés liées aux droits de douanes américains ont éreinté les cours des banques françaises: Crédit Agricole a perdu plus de 8% depuis le début du mois, BNP Paribas et Société Générale plus de 12%. "Quand le cours instantané de Bourse d'une banque française baisse de 10 ou de 15%, sa solidité n'est en rien diminué", avait indiqué François Villeroy de Galhau.