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Stations-services: pourquoi ça coince encore dans certaines régions

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Alors que la grève a pris fin ce mercredi à la raffinerie de Gonfreville, il reste encore compliqué de faire le plein de carburant dans plusieurs régions de France, notamment d'essence. Explications.

Avec un mouvement de grève qui prend fin et des camions-citernes autorisés à circuler les week-ends et jours fériés pour alimenter les stations, on s'attendait à un retour à la normale pour faire le plein de carburants en France ces derniers jours.

Pourtant, dans certaines régions, comme l'Ile-de-France, la Bourgogne Franche-Comté ou l'Auvergne Rhône-Alpes, la situation reste tendue avec de nombreuses stations en rupture totale ou partielle.

Des stations souvent en manque d'essence

Un carburant manque d'ailleurs le plus souvent à l'appel: l'essence, qu'il s'agisse de sans-plomb 95 (E10 ou non) ou de sans-plomb 98. Une situation que l'on connaissait déjà la semaine dernière, avec un chiffre national de 18,8% de stations en difficulté le 26 octobre, dont 80% qui ne pouvait plus distribuer d'essence.

C'était le cas en particulier dans le Grand Paris, avec 68,6% de stations en rupture, bien au-dessus de la moyenne nationale, et un manque d'essence qui se fait encore sentir une semaine plus tard, ce mercredi matin, comme a pu le constater une équipe de BFMTV.

"C'est la conséquence d'une région qui a migré plus vite du Diesel vers l'essence que dans le reste de la France. Or, les cuves restent souvent dimensionnées avec des volumes plus importants en gazole", nous explique Francis Pousse, président de la branche stations-service et énergies nouvelles du syndicat professionnel Mobilians.

Un problème structurel de dimensionnement des cuves en fonction du parc automobile qui ne pourra pas être résolu à court terme. L'Ile-de-France s'impose en effet comme une des rares régions où l'essence est majoritaire: d'après les données fournies par AAA Data, on compte actuellement 52% de véhicules essence en Ile-de-France, contre 43% seulement au niveau national.

De l'essence moins importée que le gazole

L'autre explication à ce phénomène se trouve du côté de l'offre.

"En France, on peut dire qu'on est autosuffisant sur le sans-plomb, qu'on raffine sur place et qu'on exporte en temps normal, alors qu'on importe du gazole", rappelle Francis Pousse.

Les blocages de sites ont donc plutôt contribuer à pénaliser le ravitaillement en essence plutôt qu'en gazole. La fin des mouvements de grève, comme ce lundi à la raffinerie TotalEnergies de Gonfreville, en Normandie, devrait permettre d'alimenter de nouveau les stations, mais il faut compter une quinzaine à une vingtaine de jours pour la remise en fonctionnement des installations.

Pour les deux raffineries Esso-ExxonMobil, où la grève s'est arrêtée mi-octobre, la rerpise d'activité n'est programmée que dans les prochains jours.

Les autoroutes épargnées

Point rassurant en période de vacances scolaires: le ravitaillement des stations d'autoroutes continue de profiter du ravitaillement prioritaire. Ce mercredi, sur les principaux réseaux français, 93% des stations disposaient d'essence, 97% de gazole et aucune station n'était déclarée en rupture totale. Un soulagement pour les nombreux Français qui ont pris la route pour cette deuxième semaine des vacances de la Toussaint.

Fortes craintes pour le 15 novembre

Malgré ces signes d'améliorations, de nouvelles tensions sont prévues à l'approche du 15 novembre. Cette date correspond en effet à la baisse de la remise carburant du gouvernement, qui passera de 30 à 10 centimes, et de celle de TotalEnergies, de 20 à 10 centimes. Résultat: un bond mécanique des prix de 30 centimes dans la nuit du 15 au 16 novembre. Une hausse actée que vont sans aucun doute chercher à anticiper les automobilistes.

"Au moment où es stocks des stations retrouvent des niveaux acceptables, nous avons de fortes craintes face aux effets de cette double baisse des remises", note Francis Pousse.

A voir quel sera le niveau de stocks disponibles dans les stations à l'approche de la mi-novembre. Et à quel point la demande sera forte: avec la crainte que de nombreux automobilistes multiplient les pleins "de précaution" (faire son plein alors qu'on a encore plus de la moitié de son réservoir par exemple), voire en profitent pour remplir des jerricans avant cette hausse du prix annoncée. De quoi précipiter les stations-service françaises dans un nouvel épisode de pénurie.

https://twitter.com/Ju_Bonnet Julien Bonnet Journaliste BFM Auto