Speedy, Feu Vert, Norauto... Pourquoi des centres autos refusent les clients avec des airbags Takata

Eviter un nouveau drame: c'était l'objectif du ministère des Transports avec l'arrêté du 29 juillet dernier qui met un peu plus la pression sur les constructeurs concernés par le scandale des airbags Takata. Ces marques doivent accélérer le remplacement des airbags défectueux dans les ateliers et, si le rendez-vous est prévu dans plus de 15 jours, fournir une solution de mobilité en remplacement (prêt d'un véhicule ou financement d'un moyen de transport équivalent).
Combien de véhicules suspects encore en circulation?
Mais difficile d'estimer combien de véhicules sont encore concernés. Fin juin, le ministère des Transports communiquait sur 2,5 millions de voitures qui devaient encore changer leur airbag, dont 1,7 million en "stop drive", c'est-à-dire avec une interdiction de circuler. Concrètement, cela concerne 30 marques, avec un "stop drive" qui s'applique à tous les modèles dans les DROM (départements et régions d'Outre-mer) et en Corse, et à ceux mis en circulation jusqu'au 31 décembre 2011 en métropole (hors Corse).
Une seule exception : les Citroën C3 et DS3. C'est en effet à bord d'une Citroën C3 de 2014 qu'une conductrice a perdu la vie suite à l'explosion de son airbag le 11 juin à Reims, le dernier accident mortel lié à ces airbags Takata recensé en France. Ces deux modèles font donc l'objet d'un rappel "stop drive" spécifique sur l'ensemble de la période concernée (première immatriculation entre le 24 septembre 2008 et le 21 février 2017), tout comme la DS3 (première immatriculation entre le 5 décembre 2008 et le 30 mai 2019.
"En France, nous avons changé les airbags de plus de 570.000 C3 et DS3, ce qui correspond à 80% des véhicules concernés", nous assurait fin juillet un porte-parole de Stellantis.
Prudence dans les centres auto
Dans ce contexte, un grand nombre de véhicules sont toujours en circulation avec des airbags dangereux. Une situation complexe pour les personnes concernées, qui ne peuvent pas facilement se passer d'une voiture, mais qui s'exposent tout de même à un risque important : celui lié à l'airbag bien sûr, mais aussi le fait que l'assurance pourra refuser la prise en charge de tout dommage, en prenant en compte ce rappel "stop drive" qui interdit en théorie de rouler.
Un danger pour le conducteur, ses passagers ainsi que pour les autres usagers de la route et ceux qui pourraient intervenir sur le véhicule. C'est ce que vient de prendre en compte Speedy, la célèbre enseigne de réparation et d'entretien automobile. Sur son site internet, l'entreprise a publié la semaine dernière un "message d'information et de prévention" sur les airbags Takata.

"Il vous appartient de vérifier si votre véhicule fait l’objet d’un rappel constructeur avant toute intervention dans nos centres. Ce contrôle est strictement personnel et ne peut être réalisé par les équipes Speedy", peut-on lire notamment.
Une liste des marques concernées sur le site du ministère des Transports (et ici) permet en effet de trouver facilement si son véhicule est concerné par ce rappel à partir du numéro VIN du véhicule. Un numéro qui se trouve sur la carte grise et que les centres autos pourront donc aussi vérifier en cas de doute. On peut en effet lire un peu plus loin sur la communication de Speedy : "En cas de rappel constructeur avéré de votre véhicule, nos centres ne pourront procéder à l’entretien ou à la réparation de votre véhicule tant que les airbags concernés n’auront pas été remplacés. Cette mesure vise à préserver la sécurité de nos collaborateurs et des autres usagers."
Un justificatif demandé et des exceptions
L'enseigne ne se ferme toutefois pas totalement aux interventions sur les véhicules suspects : "Pour les véhicules concernés par un rappel, nous pouvons continuer d'intervenir, uniquement pour les situations d'interventions urgentes qui ne nécessitent pas au technicien Speedy de déplacer le véhicule du client (ex: AdBlue, changement d'ampoules, contrôles visuels, pneu crevé sur roue emportée par le client...), pour autant nous informons, conseillons et accompagnons les clients afin qu'ils effectuent les contrôles nécessaires pour leur sécurité", précise le communiqué.
Il faudra donc présenter un justificatif du remplacement des airbags sur les modèles concernés, conclue le texte, précisant que "Speedy n’est pas habilité à effectuer le remplacement ou la réparation des airbags". Ce sont en effet les garages des marques qui peuvent réaliser cette opération, au frais du constructeur.
Pour les mêmes raisons, mais sans communiquer aussi clairement que Speedy, les autres grandes enseignes d'entretien automobile comme Speedy, Point S et Norauto ou encore Feu Vert ont indiqué à Ouest France qu'elles refusaient les voitures concernés par le rappel "stop drive".