Pourquoi le gazole n'est pas près d'être moins cher que l'essence

Les prix affichés à l'entrée d'une station Total Access près de Chartres, le 1er avril 2022. - JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP
Alors que les remises carburants de l'Etat et de TotalEnergies prennent fin ce 31 décembre à minuit, comment vont évoluer les prix à la pompe en 2023?
Difficile à dire vu le contexte international et un prix du baril de prétrole brut, actuellement à des niveaux relativement bas, qui pourrait bien grimper, en particulier avec la reprise de l'activité économique attendue en Chine. A l'inverse, un ralentissement économique pourrait faire baisser le cours du l'or noir.
Un gazole plus cher que l'essence depuis mars 2022
Autre interrogation: combien de temps va-t-on encore trouver du gazole plus cher que l'essence dans les stations? Une situation anormale, à laquelle on s'est finalement habitué depuis le début de la guerre en Ukraine.
Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, depuis début mars 2022, le gazole s'affiche en effet à un prix plus élevé que l'essence, à l'exception d'une brève période de fin mai à début juin.
"Je ne pense pas que le gazole repassera sous l'essence à court terme. Depuis le début de la guerre en Ukraine, les marchés anticipent qu'on va manquer de ce carburant et donc le prix augmente", résume Francis Pousse, président de la branche stations-service et énergies nouvelles du syndicat professionnel Mobilians.
Cela reste toutefois une situation anormale: historiquement, le gazole, qui reste le carburant le plus consommé en France, bénéficie notamment d'une taxation plus avantageuse. Les taxes (TVE, TICPE et TVA sur la TICPE) représentent en effet près de 60% du prix d'un litre de sans-plomb 95, contre 45% pour du gazole.
Embargo sur le gazole russe en février
Une décision politique de l'Europe pourrait aussi contribuer à maintenir le gazole à un prix plus élevé que l'essence. Après l'embargo de l'UE sur le pétrole russe depuis début décembre, ce sont les importations de gazole russe qui seront bloquées à partir du 5 février 2023.
De quoi faire planer le risque d'un "mini choc pétrolier", nous expliquait en octobre Patrice Geoffron, directeur du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières (CGEMP), qui anticipait un gazole au-dessus des 2 euros le litre, voire à 2,50 euros le litre, avec la fin des remises et un prix du pétrole élevé.
Attendue depuis longtemps, l'interdiction d'importer du gazole russe, qui représentait en 2021 pas moins de 30% de la consommation française, a toutefois été anticipée par les distributeurs, ce qui exclut tout risque de perturbations dans l'approvisionnement.
"Les Etats européens n'ont pas attendu fin janvier pour trouver d'autres fournisseurs", souligne Francis Pousse.
Un gazole en provenance par exemple des pays du Golfe, "avec des coûts de transports plus élevés, ce qui contribuera aussi à renchérir son prix à la pompe".