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80% des automobilistes et 72% des cyclistes utilisent leur smartphone en conduisant

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Selon le 18e baromètre d'Axa Prévention sur le comportement des Français sur la route, l'usage du smartphone en conduisant une voiture ou un deux-roues motorisés ou non continue de progresser dangereusement.

"Du jamais vu sur l’usage du smartphone sur la route". C'est ce que constate le 18e baromètre du comportement des Français sur la route d’AXA Prévention*. Selon cette étude, automobilistes, cyclistes, "trottinettistes" et dans une moindre mesure motards et scootéristes, utilisent de plus en plus leur smartphone en conduisant. Le compagnon numérique devient sur la route un danger mortel.

Selon Axa, 80% des automobilistes utilisent leur smartphone au volant, soit 11% de plus qu'en 2021. La hausse la plus importante se constate chez les cyclistes avec 14 points de plus qu’en 2021 : "ils sont désormais 72% à utiliser le téléphone en roulant". Les trottinettistes ne sont pas en reste, ils sont 84% (-3pts) à pianoter en roulant. Enfin, si les motards et scootéristes sont les usagers qui utilisent le moins leur téléphone sur la route (46%), cet usage est en hausse de 8%.

"L’usage du téléphone au volant est responsable de plus en plus d’accidents graves et mortels sur les routes françaises. Passer un appel avec ou sans kit main libre multiplie par trois le risque d’accident. Un chiffre qui passe à 23 en cas de lecture d’un SMS", alerte Éric Lemaire, Président de l’association AXA Prévention.

Regarder des séries à vélo

Chez les automobilistes, la hausse atteint un niveau jamais atteint. Il y a 5 ans, ils n'étaient "que" 66% à utiliser leur smartphone en conduisant. Ils sont 52% (+8%) à passer des appels, 45% (+12%) pour paramétrer leur GPS et 34% pour lire ou envoyer des SMS (+10%). Certains vont plus loin en publiant des stories sur les réseaux sociaux (8%), envoyer des mails (15%) ou participer à des réunions de travail audio ou vidéo 6%.

Pour les cyclistes, Axa Prévention note une différence entre les propriétaires de vélo et ceux qui les louent. Les premiers ne sont que 8% à regarder des vidéos ou des séries, alors qu'ils sont 69% à le faire chez les seconds sont 69%. "Cette dichotomie est valable pour l’ensemble des usages (appels, sms, emails, notifications…)".

100 contraventions par jour

En 2021, la Sécurité routière avait lancé une campagne de prévention pour dissuader les usagers de la route à ne pas utiliser leur smartphone en conduisant. Le slogan était: "Sur la route, le téléphone peut tuer".

Dans son bilan 2020, l'Observatoire national de la sécurité routière (ONISR) estime que la voiture d'un conducteur à l'attention "diffuse" (temps de réaction de 2 secondes) met, à 130 km/h, 54 mètres de plus à s'arrêter que celle d'un conducteur concentré (0,5 sec). Le "défaut d'attention" a été relevé par l'ONISR chez l'un des conducteurs dans un accident corporel sur cinq en 2020, et dans 13% des accidents mortels.

Ce recueil de données serait en deçà de la réalité. Selon Me Vincent Julé-Parade, avocat spécialisé en droit des dommages corporels et droits des victimes, si la recherche du téléphone comme cause d'accident était systématique lors des accidents, "on arriverait à des proportions effarantes". Pour preuve, 358.858 contraventions pour usage du téléphone ont été dressées en 2020, soit près de 1000 par jour. Ce chiffre est même jugé "ridiculement bas" par Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière.

Suspension du permis de conduire

Les sanctions sont-elles dissuasives. Certains en doutent. L'utilisation d’un téléphone portable tenu en main est sanctionnée par une amende forfaitaire de 135 € et un retrait de 3 points du permis de conduire. Mais si un conducteur tient son téléphone en main en même temps qu'il commet une autre infraction, il risque une suspension du permis de conduire d'un an. ​

Porter à l’oreille un dispositif émettant du son (oreillette, casque, écouteur) est interdit pour tous les usagers de la route y compris les cyclistes et les personnes à trottinette. Cette infraction est sanctionnée d’une amende forfaitaire de 135 euros et un retrait de 3 points du permis de conduire pour les conducteurs de véhicules motorisés. Les kits intégrés dans les voitures ou les casques de motos restent autorisés, tout comme les sonotones.

L'utilisation des oreillettes et "kit mains libres" est interdite depuis 2015 mais tenir une conversation via le système "bluetooth" reste autorisé.

Les piétons doivent également faire preuve de vigilance, rappelle Axa Prévention"90% l’utilise en marchant.

"Bien que ce ne soit pas une infraction, cela reste un comportement dangereux. 28% passent un appel ou écoutent de la musique tout en traversant ce qui diminue leur vigilance vis-à-vis des autres usagers de la route".

Les excès de vitesse en ville remontent en flèche
Chez les automobilistes, notamment dans le cadre de la généralisation progressive du concept "ville 30", 72% ne respectent pas les zones 30 (+9 pts par rapport à 2021). Ils sont 32% à rouler à 65 km/h (+5pts en un an) en ville D’une manière générale, 79% déclarent faire des excès de vitesse quel que soit le type de route (+5 pts) selon le baromètre d'Axa Prévention.


* Etude Kantar pour AXA Prévention réalisée du 10 au 25 janvier 2022 auprès d’un échantillon de 2253 personnes, représentatif de la population résidente en France métropolitaine âgée de 18 à 75 ans.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco