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"C'est l'enfer d'investir en France": les patrons d'EDF et Totalenergies se lâchent sur le cadre réglementaire du renouvelable

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Le patron de l'énergéticien français a déclaré que si la France ne devenait pas plus efficace dans les énergies renouvelables, le groupe se déplacerait vers des pays plus accueillants comme l'Allemagne.

Une mise en garde. La France doit simplifier ses procédures de développement de parcs solaires et éoliens sinon le groupe risque de regarder ailleurs pour ses investissements, a dit mardi Patrick Pouyanné, le PDG de Totalenergies lors d'un colloque organisé par l'Union française de l'électricité (UFE).

"Je ne veux pas continuer à investir dans un pays où j'ai autant de personnes qui me coûtent de l'argent pour un rendement aussi faible, a déclaré Patrick Pouyanné. C'est un problème d'espace, de réglementation, de volonté collective."

"Il faut qu'on simplifie le processus. Je suis désolé mais quand je regarde (en France), j'ai 500 développeurs d'énergies renouvelables (des personnels, NDLR) qui arrivent à faire péniblement 300 à 400 mégawatts (MW) par an (…) Ce n'est pas possible de continuer comme ça, je vous le dis. Moi, aux États-Unis, j'ai construit 2 GW en un an", a déclaré le patron de Totalenergies.

"Je ne comprends pas pourquoi nous sommes capables de rénover Notre-Dame en cinq ans et qu'on est pas capable d'avoir les même processus pour constuire des usines solaires ou éoliennes en France", a cinglé Patrick Pouyanné, épargnant la construction de centrales nucléaires qui est selon lui plus facile.

"Des délais administratifs incommensurables"

Patrick Pouyanné a déclaré que si la France ne devenait pas plus efficace dans les énergies renouvelables, Totalenergies se déplacerait vers "des pays plus accueillants", comme l'Allemagne.

"Je ne peux pas continuer à investir dans un pays (la France), à avoir autant de personnes qui me coûtent de l'argent pour un rendement aussi faible. Et ça, c'est un problème d'espace, c'est un problème de réglementation, c'est un problème de volonté collective", a-t-il encore critiqué en fustigeant une loi d'accélération des renouvelables du 10 mars 2023 "qui a tout ralenti".

"C'est l'enfer d'investir en France, c'est vrai", a ensuite abondé son homologue PDG d'EDF Luc Rémont.

"C'est l'enfer pour des raisons réglementaires. C'est l'enfer pour un industriel qui veut se raccorder, raccorder un datacenter. C'est des délais administratifs incommensurables avec ce qu'on vit ailleurs dans le monde. Le premier frein à la décarbonation aujourd'hui, ce sont les procédures", a-t-il critiqué.

Le PDG de Totalenergies a par ailleurs profité de ce colloque pour proposer notamment de prolonger le système de l'Arenh pour 2-3 ans, en corrigeant ses défauts. Ce dispositif, qui permet à tous les fournisseurs alternatifs de s'approvisionner en électricité auprès d'EDF dans des conditions fixées par les pouvoirs publics, suscite de nombreuses critiques.

Théodore Laurent avec Reuters