Tech&Co
Vie numérique

Vérification par IA ou par carte: ce qui change pour les sites pornographiques ce 11 janvier

placeholder video
L'Arcom avait laissé trois mois aux acteurs du monde pornographique pour se conformer à de nouvelles règles.

Le couperet pourrait tomber plus rapidement que prévu pour des dizaines de sites pornographiques. Le 11 janvier, pour être disponibles en France, ces sites diffusant des vidéos en théorie interdites aux mineurs, devront se conformer à de nouvelles règles.

Celles-ci ne sont pas nouvelles, puisque l'Arcom, qui est le régulateur compétent sur le sujet, les avait dévoilées le 11 octobre dernier. L'autorité laissait alors trois mois aux sites concernés pour se conformer aux exigences émanant d'une loi votée en 2024.

Aucune solution officielle, et des outils dans le flou

L'Arcom a plein pouvoir en la matière, et pourrait d'ailleurs sanctionner et même bloquer les sites qui ne jouent pas le jeu, comme ça a pu être le cas pour Tukif ou encore XHamster.

Deux méthodes peuvent être déployées pour qu'un utilisateur puisse accéder à un site pornographique en ayant son âge vérifié.

La première consiste à prendre une vidéo où le visage est clairement visible. Une I.A viendra vérifier si la personne sur la vidéo est bien majeure. Les sites peuvent également requérir au scan d'une pièce d'identité. Dans un cas comme dans l'autre, l'anonymat doit être total, et aucun site ne peut disposer des données issues de ces transmissions d'informations.

Problème: aucune solution "officielle" n'a été développée. Les sites, s'ils décident de se conformer à la loi, doivent donc utiliser une solution gérée par des tiers - si tant est qu'elle existe - avec le risque qui pèse sur la vie privée.

Pour l'Arcom, il s'agit du moyen le plus sûr pour éviter que des mineurs ne se retrouvent devant du contenu inapproprié. Chaque mois, 2,3 millions d'enfants et adolescents visitent un site pornographique.

Au-delà de cette date, qui pourrait n'être que symbolique, la question de la vérification de l'âge des internautes à plusieurs fois été reportée aux calendes grecques. Il fut un temps espéré que soient utilisées les cartes bancaires pour cette fonctionnalité, avant que les banques de s'y opposent, forçant le régulateur à revoir sa copie.

Néanmoins, cette solution sera tolérée pendant trois mois, notamment pour laisser les acteurs du milieu la possibilité de se familiariser avec les outils imposés par l'Arcom... ou pousser leurs propres solutions. Le français Dorcel cherche depuis longtemps à imposer ses idées, qu'il décrit comme "fiables et rapides", par exemple en téléchargeant une application dédiée à cet usage sans que le site pornographique ne soit au fait de l'identité de l'utilisateur.

Une loi très franco-française

Reste que les inconnues continuent de s'accumuler. Par exemple, il est demandé aux sites de vérifier l'âge à chaque connexion, sans dépôt d'un cookie comme sur Netflix, qui permettrait de ne pas constamment refaire les manipulations nécessaires. Un élément que les plateformes pointent du doigt: "Si seuls les sites pornos sont concernés, les prestataires sauront qu'il s'agit d'utilisateurs de X," explique un dirigeant de Dorcel au Figaro.

Par ailleurs, une nouvelle fois, les sites situés en dehors du territoire français peuvent ne pas respecter la réglementation. Si le gouvernement a prévu un arrêté au niveau européen qui permettrait à l'Arcom d'agir, le site en question doit donc être situé dans l'Union européenne, et il faut que le régulateur contacte le pays concerné.

Enfin, ultime inconnue: que vont faire les utilisateurs? Le secteur du X, en France, est particulièrement fragile. Les amateurs du genre pourraient donc se tourner vers d'autres plateformes moins regardantes sur l'âge afin de ne pas être embêté. Seule espérance du milieu, que la question de la vérification se pose au niveau mondial, et pas uniquement dans quelques pays.

Sylvain Trinel