Chants homophobes dans les stades: le gouvernement songe à utiliser la vidéosurveillance algorithmique

La technologie pour mieux lutter contre l'homophobie. C'est l'idée du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Invité dans l'émission Rothen s'enflamme, sur RMC, ce 24 octobre, il est revenu sur la difficile lutte contre les chants homophobes dans les stades de foot, à quelques heures du choc OM-PSG.
Il souhaite notamment utiliser les outils de vidéosurveillance "intelligente" (ou "algorithmique"), actuellement en phase d'expérimentation.
"Je veux qu'on utilise de plus en plus cette technologie (la vidéosurveillance algorithmique, ndlr) qui va relayer les hommes. (...) Je ne peux pas placer des policiers partout en France pour tous les matchs", estime ainsi le ministre de l'Intérieur.
Concrètement, la vidéosurveillance algorithmique consiste à ajouter une couche logicielle pour analyser les images captées par des caméras de surveillance à la place d'un humain. Le but: reconnaître des comportements suspects, mais aussi des situations à risque.
Pas d'identification possible
Comme le rappelle le site du ministère de l'Intérieur, la loi, qui prévoit une expérimentation jusqu'en mars 2025 (initiée à l'occasion des JO 2024) permet de configurer ces logiciels pour reconnaître huit types de situations, parmi lesquelles la présence d'un individu dans un espace interdit, une densité de personnes trop importante dans une foule, un départ de feu, ou encore un colis abandonné.
Dans un stade, un tel outil pourrait ainsi être utilisé pour détecter les activités de certains groupes de supporters, par exemple en allumant un fumigène. Mais les cas prévus par la loi n'évoquent en aucun cas l'analyse sonore, qui pourrait détecter certaines paroles de chants.
Surtout, la vidéosurveillance algorithmique n'est pas de la reconnaissance faciale - qui reste interdite par la loi: si des comportements d'individus peuvent être analysés, les autorités n'ont pas le droit d'utiliser un logiciel de reconnaissance faciale pour identifier des supporters en particulier.
Auprès de Tech&Co, le cabinet de Bruno Retailleau précise que les algorithmes pourraient être utilisés pour mieux orienter les caméras de surveillance vers les groupes de supporters les plus sensibles. Là encore, sans outil de reconnaissance faciale, assure-t-on. Cette aide technologique pourrait ainsi permettre aux policiers de s'assurer de disposer des images pour identifier les auteurs de chants homophobes.
Malgré les mises en garde de la Cnil sur une "généralisation non maîtrisée de ces dispositifs, par nature intrusifs, conduirait à un risque de surveillance et d’analyse généralisée dans l’espace public", le gouvernement souhaite pérenniser la vidéosurveillance algorithmique après mars 2025.
Un rapport d'évaluation sur l'utilisation de la vidéosurveillance algorithmique devra par ailleurs être remis au Parlement avant la fin de l'année 2024.