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Se taper le visage au marteau, chirurgie, stéroïdes... L'inquiétante tendance "Looksmaxxing" qui cartonne sur Tiktok

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Sur les réseaux sociaux, le phénomène "looksmaxxing" propose des astuces, parfois dangereuses, aux jeunes hommes pour changer leur apparence et conquérir les femmes. Il tire son origine du mouvement incel.

Le "looksmaxxing". C'est la tendance qui cartonne auprès des jeunes hommes sur les réseaux sociaux, et notamment sur Tiktok et Youtube. Concrètement, ce phénomène incite ces derniers à maximiser ("maxxing") leur apparence physique ("looks").

Dans ces courtes vidéos qui cumulent plusieurs millions de vues, des influenceurs conseillent ainsi aux internautes plusieurs astuces pour obtenir une mâchoire carrée, des lèvres plus pulpeuses et un menton plus long. Tout ça dans le but d'accentuer des traits perçus comme "masculins" et donc, d'attirer les femmes.

"Tu resteras moche toute ta vie si tu ne fais pas ça"

"Tu resteras moche toute ta vie si tu ne fais pas ça. Ça se passe en une seule étape simple qui va, à elle seule, définir ta mâchoire, creuser tes joues, éliminer ton double menton", affirme Jehl Paul, dans une vidéo Tiktok, à ses 45.000 abonnés.

Ainsi, certains influenceurs conseillent de prendre des stéroïdes pour changer leur apparence, de faire des régimes drastiques ou encore d'adopter la technique de "mewing", soit le fait de placer sa langue contre son palais pour avoir une mâchoire carrée.

De son côté, le tiktokeur Marcel Schaar recommande de mâcher des chewings gum très solides. Dans une vidéo, un influenceur va jusqu'à conseiller à ses abonnés de se taper les pommettes avec un marteau lors de sa "skincare routine" pour obtenir une mâchoire carrée. "Et ça ne coûte que 5 dollars", s'enthousiasme-t-il. C'est ce qu'on appelle le "bonesmashing

Le tiktokeur Dillon Latham assure à ses 1,7 million d’abonnés qu’ils peuvent blanchir leurs dents en appliquant de l’eau oxygénée avec un coton-tige. Pourtant, selon les dentistes, utiliser ce produit est mauvais pour l'émail des dents. D'autres n'hésitent pas à promouvoir la chirurgie esthétique pour obtenir un regard "sensuel et mystérieux", les fameux "yeux de chasseurs."

Sans surprise, de nombreux internautes partagent des vidéos "avant/après", pour prouver et vanter les mérites du looksmaxxing. Et ça cartonne. Ces vidéos cumulent souvent plusieurs millions de vues.

Attirer dans la culture incel

La tendance du Looksmaxxing puise son origine du mouvement incel, ces hommes qui considèrent qu'ils seraient célibataires à cause des femmes qui ne veulent pas d'eux et du mouvement masculiniste qui prône l'idéal d'un homme "alpha" dominant et viril pour conquérir les femmes. Ces deux sphères partagent des discours hostiles et parfois violents envers les femmes.

"Le looksmaxxing, c’est en fait une version relookée de l'idéologie Incel sur Tiktok", assure Anda Solea, de la School of Criminology and Criminal Justice à Portsmouth (Royaume-Uni), à l'AFP. Ainsi, des influenceurs liés au phénomène "incel" utilisent les termes plus "acceptables" du Looksmaxxing pour contourner l'algorithme de la plateforme et diffuser les idées.

Pire, lorsque des jeunes hommes commencent à regarder des contenus "looksmaxxing", des contenus appelant à la haine sexiste ou au suicide leur sont rapidement proposés sur les réseaux sociaux , observe Jamilla Rosdahl, sociologue et chercheuse à l'université de Melbourne auprès de The Conversation.

"Ces vidéos attirent de jeunes garçons dans une sombre sous-culture d'incels. (...) En quelques minutes, les utilisateurs de TikTok peuvent être bombardés de vidéos faisant l'apologie du suicide et de discours de haine sexiste", analyse-t-elle.

De son côté, Tiktok affiche un message d'avertissement pour toutes les recherches liées au "Looksmaxxing". "Si toi ou une personne de ton entourage vous posez des questions sur l'image que vous ren voie votre corps, sur l'alimentation ou l'exercice physique", vous pouvez demander de l'aide", précise l'application de vidéos courtes, tout en renvoyant vers sa page d'aide.

"Les contenus sont restreints selon l’âge, en cas de présentation de la chirurgie esthétique et d’absence d’avertissements sur les risques éventuels", précise l'entreprise auprès de Tech&Co.

Salomé Ferraris