"Même avec la chirurgie, vous n'aurez jamais ce rendu": un filtre TikTok pour embellir impressionne et inquiète

Des lèvres repulpées, un teint sans défaut et des sourcils maquillés à la perfection: les filtres d’embellissement ne sont pas nouveaux sur les réseaux sociaux. Popularisés par Snapchat il y a plusieurs années, ces filtres sont depuis plébiscités dans les stories Instagram et vidéos TikTok de tous, particulièrement chez les jeunes filles.
Et un petit nouveau a fait son apparition sur TikTok il y a quelques jours et attire déjà de nombreux internautes: le "Bold Glamour". Le hashtag #boldglamour cumule d’ailleurs plus de 145 millions de vues, avec des vidéos visionnées parfois plus de 4 millions de fois.
Un effet "naturel" qui fait mouche
Ce qui impressionne les internautes avec ce nouveau filtre, c’est surtout sa qualité graphique et le fait qu’il soit (presque) naturel. Le grain de la peau reste visible, avec une texture sans artifices, et le maquillage plutôt "neutre". Mais le diable se cache dans les détails, avec des lèvres légèrement repulpées et des pommettes qui le sont tout autant.
"Je ne ressemble absolument pas à ça mais le filtre a un aspect tellement naturel, avec une vraie texture sur la peau", constate par exemple cette internaute.
Des micro-ajustements qui peuvent parfois créer des complexes chez les personnes mal dans leur peau et engendrer de la dysmorphophobie, c’est-à-dire une obsession pour un défaut imaginaire ou une légère imperfection sur son visage ou son corps.
"On pousse la limite encore plus loin avec ce genre de filtre. On était avant sur de l'exagération, du ludique qui a dérivé vers du beaucoup plus réaliste", constate Caline Majdalani, psychologue clinicienne spécialiste de la dysmorphophobie.
La psychologue, autrice de Traiter la dysmorphophobie - L'obsession de l'apparence, explique surtout que ce genre de filtre très réaliste rend encore plus facile l'identification et par la suite, les problèmes d'insatisfaction de son apparence. "Vous montrez à une personne une version d'elle qu'elle ne pourra jamais devenir. Même avec la chirurgie esthétique, vous n'aurez jamais ce rendu. C'est une version irréelle qui se fait passer pour réelle", insiste Caline Majdalani.
Un filtre indétectable
De nombreux internautes ont ainsi mis en garde contre les dérives de ce filtre viral, qui semble d’ailleurs aussi montrer un tournant dans la création des filtres sur les réseaux sociaux. Là où la plupart s’effaçaient lorsque l’on mettait sa main sur son visage, avec le "Bold Glamour" rien de tout cela: le filtre reste en place qu’importe les mouvements effectués.
"C'est plus pernicieux et plus subtile. On a une estime de soi qui est complètement touchée", explique Caline Majdalani. La psychologue rappelle surtout que "la beauté parfaite n'existe pas et qu'il faut accepter son corps avec ses limites" afin d'éviter les dérives les plus extrêmes à la dysmorphophobie: déprime, dépression, voire pensées suicidaires.