Sur ordre de la justice suisse, ProtonMail a fourni des données d'activistes pour le climat

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ProtonMail est sous le feu des critiques après avoir donné à la justice suisse les identifiants de plusieurs activistes pour le climat. Le service de messagerie chiffrée, qui a fait de la sécurité de ses utilisateurs son atout principal, aurait en effet été contraint de répondre à une requête de la justice en Suisse, où il est basé.
En réponse à la polémique, l'équipe s'est fendue d'une longue publication sur le site Reddit.
"Nous sommes également très inquiets concernant cette affaire. ProtonMail a reçu l'ordre juridique du Département fédéral de justice suisse, avec lequel nous sommes dans l'obligation de collaborer. Il n'y avait pas de possibilité pour nous de faire appel ou de combattre cette requête, car un acte violant la loi est effectivement arrivé", a expliqué l'équipe de ProtonMail.
L'acte en question prend place à Paris. Selon les informations de Secours Rouge, sept membres de l'association Youth for Climate sont accusés de "vol et dégradation en réunion et violation de domicile", à la suite d'occupations répétées de la place Sainte-Marthe, dans le Xe arrondissement parisien, pour lutter contre la gentrification du quartier.
Pourquoi une affaire française se retrouve-t-elle traitée par la justice suisse? Pour identifier et interpeller les intéressés, dont le procès doit se tenir début 2022, la police française a missionné, via Europol, la justice suisse de récupérer auprès de ProtonMail les données nécessaires. C'est dans ce cadre que le service de messagerie a transmis aux autorités l'adresse IP du collectif, ce qui a permis l'identification et interpellation des membres.
"Un cas exceptionnel"
En effet, si ProtonMail promet de n'avoir aucun accès aux données personnelles échangées par ses utilisateurs (mail, pièces jointes, etc.), le service est toutefois tenu de communiquer aux autorités les moyens nécessaires à l'identification de leurs membres, dans le cadre, ici par exemple, d'une enquête judiciaire. Dans le cas présent, il lui a été demandé de surveiller un compte précis afin de récupérer son adresse IP - information que ne collecte pas le service en temps normal, comme précisé sur son site.
Il s'agit, comme le rappelle leur communiqué, d'un cas exceptionnel: "Contrairement à d'autres fournisseurs de service, ProtonMail se bat pour défendre ses usagers. Peu de gens le savent (c'est inscrit dans notre rapport de transparence), mais en 2020 seulement, nous avons défendu 700 cas similaires. Celui-ci, en particulier, ne pouvait pas l'être", s'est défendue la plateforme.
Il faut effectivement rappeler que, malgré toute la sécurité proposée par les services de ProtonMail, la structure est tenue de se conformer aux lois du territoire sur laquelle est basée, ici la Suisse. Pour conclure, ProtonMail a tenu à faire part de ses inquiétudes quant à ce type de pratique:
"Les accusations, dans cette affaire, semblent être particulièrement agressives. Malheureusement, c'est un schéma que nous voyons de plus en plus ces dernières années dans le monde (notamment en France, où les lois antiterroristes sont utilisées de manière inappropriées). Nous continuerons notre campagne contre ce type de lois et leur abus", affirme la plateforme.