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L'IA reste "plus bête qu'un chat": le patron de l'IA de Meta veut rester optimiste sur les risques futurs

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Dans une interview accordée au Wall Street Journal, Yann Le Cun donne son ressenti sur l’état actuel de l’intelligence artificielle, un domaine où les étapes à franchir sont encore nombreuses.

Yann Le Cun n’est pas un inconnu du secteur de l’Intelligence Artificielle. Le chercheur français est même considéré comme étant l’un des pères fondateurs de l’IA.

Il a travaillé au côté du franco-canadien Yoshua Bengio et du britanno-canadien Geoffrey Hinton qui a d’ailleurs reçu le prix Nobel de Physique le 8 octobre 2024. Le trio avait remporté le prix Turing en 2018 (équivalent du prix Nobel en informatique) pour leur contribution dans l’avancée des réseaux neuronaux informatiques.

Une vision optimiste de l'IA

Aujourd’hui, ses prises de positions se démarquent de ses deux anciens camarades. Ces derniers soutiennent qu’un développement hors contrôle de l’IA pourrait représenter un danger pour l’Homme. Le Cun a une approche beaucoup plus optimiste sur ce point. Il est aujourd’hui, à 64 ans, directeur de la Facebook Artificial Intelligence Research (FAIR), organisation chargée des recherches sur l’IA chez Meta.

Dans son interview au Wall Street Journal, Le Cun qualifie l’IA comme un tournant chez Meta augmentant considérablement la valeur de l’entreprise depuis qu’elle s’est spécialisée dans le domaine.

D’un point de vue plus global, le chercheur émet toutefois des réserves vis-à-vis des avancées dans le domaine de l’IA. À commencer par le terme "Intelligence", qui relèverait plus de l’argument marketing pour les entreprises de la tech que d’une possible émergence d’intelligence.

Chatbot en dessous du chat domestique


Avec la perspective d’une intelligence artificielle générale (ou IAG, sorte de super IA capable de réaliser plusieurs tâches différentes), Yann Le Cun calme le jeu. Pour lui, il ne sert à rien de viser un tel objectif en grillant des étapes comme expliqué dans ce tweet datant de mai 2024:

“Il me semble qu'avant de trouver d'urgence comment contrôler des systèmes d'IA beaucoup plus intelligents que nous, nous devons avoir le début d'une ébauche de conception d'un système plus intelligent qu'un chat domestique.”

Nos IA actuelles sont plus bêtes qu’un chat? Il détaille au Wall Street Journal que contrairement aux IA, un chat est doté "d’une perception du monde physique, d’une mémoire, de raisonnement et d’une capacité d’anticipation". Des aptitudes bien loin de ce que nos IA génératives sont capables de faire.

Les IAG encore lointaines

En effet, la plupart de nos IA savent seulement prédire à partir de probabilités définies par leurs entraînements, une illusion d'intelligence donc. Pour Yann Le Cun, les IA actuelles sont la preuve qu’on "peut manipuler le langage sans être intelligent", en se référant notamment aux chatbots.

Les étapes sont encore nombreuses dans le domaine de l’IA et la perspective d’une prochaine IAG, aux capacités égales ou supérieures à l'Homme, serait en réalité bien loin selon Le Cun. Une pierre lancée à Elon Musk qui avait prédit au printemps dernier la sortie d’une première IA générale dès 2026.

Dans les projets brûlants de Meta, il évoque la capacité pour l’IA de traiter et apprendre de données filmées. En septembre 2024, Meta annonçait Orion, ses lunettes de réalité augmentée boostées à l’IA.

Théotim Raguet