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Liens avec la Russie et sexisme: pourquoi le jeu Atomic Heart fait face à une pluie de critiques

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Sorti hier dans le monde entier, le jeu des studios Mundfish fait face à plusieurs polémiques, liées au développement du jeu mais aussi à son contenu.

Ce 21 février, les joueurs de PC, PlayStation et Xbox ont pu découvrir Atomic Heart, un jeu disponible à 70 euros et qui figure actuellement parmi les meilleures ventes sur Amazon.

Dans ce jeu vidéo, le joueur est mis dans la peau du major tourmenté Sergei Nechaev, surnommé P-3, qui doit lutter contre une armée de robots devenus incontrolables. Le contexte? Une réalité alternative en Union Soviétique dans les années 30 où robots, intelligence artificielle et Internet existent déjà. Le jeu d’action repose ainsi sur une vision subjective où il est question d’affrontements en tous genres face à des robots, mais aussi de dialogues accusés d'être sexistes.

Réfrigérateur vulgaire

Pour améliorer ses pouvoirs et son équipement, le joueur peut notamment faire appel à Nora, un réfrigérateur équipé d’une intelligence artificielle. Sauf que l’électroménager se révèle beaucoup plus sexualisé qu’imaginé. Car quand le joueur invite Nora à parler, il fait face à une voix suave et des dialogues très suggestifs.

Comme le souligne le journaliste Pierre Crochart sur Twitter, on peut ainsi entendre le frigo susurrer "Tu as une grosse épée, alors mets-la moi bien dans la fente que je la rende plus dure et plus affutée. Tu peux me remplir de tout ce que tu veux mon mignon." Des échanges qui se poursuivent sur une grande partie du jeu.

L'aspect sexualisé du jeu ressort aussi avec la représentation systématique de vulves dans les décors, notamment sur les portes. Un choix qui aurait pu rester purement graphique si les développeurs n’avaient pas décidé que pour déverrouiller ces portes, il fallait insérer les câbles de son gant dans ces serrures.

Le personnage principal n’est pas en reste puisqu’il ne cesse tout au long du jeu de proférer des insultes et propos violents à chaque fois qu'un interlocuteur échange avec lui, indique pour sa part le journaliste Gauthier Andres sur Twitter.

Un jeu qui finance la guerre?

Et si l’écriture pose déjà les bases d’un jeu polémique, son contexte de sortie a tout autant fait réagir les internautes. Disponible presque un an jour pour jour après le début de l’invasion russe en Ukraine, Atomic Heart est critiqué pour ses liens avec la Russie.

Le studio Mundfish est en effet russe, bien qu'il ait installé ses bureaux à Chypre (connu pour être le paradis fiscal de plus de 40.000 oligarques russes). Parmi les investisseurs de Mundfish, on retrouve le fonds d’investissement russe Gem Capital, lié à l’entreprise de gaz Gazprom, détenue à 50.2% par le gouvernement russe.

Par ailleurs, le distributeur russe d’Atomic Heart, VKPlay (équivalent de la plateforme Steam) est également détenu par Gazprom. Pour certains internautes, acheter le jeu vidéo revient indirectement à participer au financement de la guerre en Ukraine.

Anticipant ces critiques, Mundfish a toutefois tenu à assurer ne prendre aucun parti et ne pas être en faveur de la guerre. Sur son compte Twitter, le studio a récemment assuré être "sans conteste une organisation pour la paix et contre la violence faite aux personnes". Se gardant toutefois d'évoquer le cas précis de l'Ukraine.

Julie Ragot