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La police de l'immigration américaine ajoute par erreur un homme à une discussion de groupe dévoilant son mode opératoire

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Un Américain a accidentellement eu accès à une discussion qui préparait l'arrestation d'une cible de la police fédérale de l'immigration. Elle révèle tout le processus de pistage en amont de la capture.

Comme une impression de déjà-vu. D'après 404 Media, un Américain lambda a accidentellement été ajouté à une conversation privée entre des membres de l'ICE, la police de l'immigration américaine, et des personnes issues d'autres agences fédérales. L'imposteur involontaire a pu, par SMS, suivre la procédure qui précède la capture d'un individu.

Une situation qui n'est pas sans rappeler le Signal Gate, datant de mars dernier. De la même manière, un journaliste pour le média The Atlantic a été ajouté par erreur à une conversation Signal hautement confidentielle. Ce dernier avait notamment pu suivre en direct le processus derrière des bombardements au Yémen.

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Un dispositif de pistage en collaboration

Interrogée par 404 Media, la personne pensait initialement qu'elle était victime de spam, jusqu'à ce qu'elle reçoive des documents officiels, le tout par SMS (un moyen de communication très peu sécurisé). Le groupe, appelé "Mass Text", réunissait six membres.

Ainsi, il a pu consulter les fiches pré-interventions avec le nom, les antécédents judiciaires, le numéro de sécurité sociale et le numéro de permis de conduire de l'individu à interpeller. Dans les captures d'écran de la conversation fournies à 404 média, il s'agissait d'un homme reconnu coupable de tentative de meurtre. Un enquêteur criminel fédéral envoie alors des numéros de plaques d'immatriculation correspondants à la personne

"Je vérifie ces plaques d'immatriculation", lui répond un agent de l'ICE. "En attendant, il possède deux véhicules." À l'aide d'un fichier fourni par la DMV (service en charge d'enregistrer les véhicules dans un État des États-Unis), les membres de la discussion vont tenter de pister les deux voitures de la cible. Mais aucune caméra à leur disposition n'est capable de leur fournir des images récentes.

"Il est possible que ce soit toujours une adresse liée. Ça pourrait être de la famille. Le nom de famille correspond à celui de la co-propriétaire d'un de ses véhicules", écrit l'agent de l'ICE. Les agents finissent par identifier la potentielle adresse de la personne recherchée. "Je vais demander à quelqu'un de surveiller et d'essayer d'établir un profil de vie", informe l'agent de l'ICE. La personne "en trop" n'a malheureusement pas eu accès à la suite de la discussion.

L'ICE, bras armé de la lutte contre l'immigration

Cette fuite place une nouvelle fois les forces fédérales dans une position embarrassante. Elle révèle un mode opératoire de l'ICE en étroite collaboration avec diverses institutions (enquêteurs fédéraux, DMV) et le processus de pistage des personnes recherchées.

L’ICE est en première ligne dans le combat de Donald Trump contre l'immigration clandestine. Le président américain en a fait une priorité absolue, évoquant une "invasion de criminels venus de l'étranger".

Il avait fait de cette lutte le fer de lance de son programme présidentielle. Le 12 août 2025, le département de la sécurité intérieure des États-Unis écrivait dans un communiqué qu'elle avait reçu de 100.000 candidatures pour rejoindre l'ICE.

Mais l'ICE est aussi très critiquée par une grande partie des Américains pour ses actions, jugées trop radicales. Elle est à l'origine de milliers d'expulsions vers l'étranger, parfois par erreur. L'expulsion de plusieurs enfants, dont un atteint de cancer, avait notamment provoqué l'indignation de plusieurs ONG.

Théotim Raguet