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"Tu te réveilles pendant la peste noire": pourquoi faut-il se méfier des vidéos d'histoire générées par IA?

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Crées à l'aide de l'IA, des vidéos sur Tiktok mettent en scène des périodes historiques à la première personne. La véracité de ces contenus interroge néanmoins les historiens.

Dans la peau d'un Égyptien 1.250 ans avant J.-C. ou d'un Anglais au XIVe siècle durant l'épidémie de peste noire. Des vidéos Tiktok proposent de se plonger au cœur de périodes historiques en incarnant un personnage à la première personne (en POV). Le contenu est devenu viral, beaucoup de vidéos de ce type comptent plusieurs millions de vues.

L'essentiel de ces contenus reste toutefois généré à l'aide de plusieurs intelligences d'artificielles, introduisant plusieurs inexactitudes. Outil de sensibilisation à l'Histoire ou de diffusion de fausses informations, cette nouvelle tendance, portée par quelques créateurs de contenu, divise les historiens, comme le relève la BBC.

"Ramener l'Histoire à la vie"

"Tu te réveilles à Rome en 79 avant J.-C." ou "pendant la Révolution française en 1789". Au travers d'une vidéo d'une minute, l'utilisateur ouvre les yeux et voit à la première personne ce que pourrait être la journée d'un habitant fictif d'une certaine époque. Un contenu qui serait impossible sans l'IA et la génération de vidéos depuis un simple prompt. Le résultat propose une qualité d'image qui rappelle celle d'un jeu vidéo.

C'est "comme un moyen unique de ramener l'Histoire à la vie", déclare à la BBC le créateur de contenu Dan, derrière le compte Tiktok POV Lab. Un autre créateur de contenus similaire explique vouloir "apprendre des choses nouvelles aux gens" à travers ses vidéos.

Les informations utilisées pour générées les images sont elles-mêmes issues d'IA, un des vidéastes dit même passer par ChatGPT pour scénariser ses vidéos. Mais comme souvent, l'IA n'est pas infaillible: des rails de trains au XIVe siècle ou encore des hiéroglyphes qui sont lus dans le mauvais sens. La BBC a fait visionner ces contenus à des historiens qui pointent de multiples erreurs et anachronismes.

Un contenu peu fiable

Ces nombreuses erreurs peuvent paraître anodines mais la véritable crainte des historiens, c'est que ce type de contenu soit pris au premier degré et que certaines personnes croient en une véritable reconstitution documentée. La docteure Amy Boyington parle même "d'amateurisme", décrivant un contenu "sensationnel" plutôt qu'historiquement exact.

Pire, le simple accès à ce type d'outils induit un risque qu'il soit utilisé volontairement pour livrer une interprétation faussée de l'Histoire. À la BBC, Amy Boyington explique: "Cela peut être très dangereux car les gens pourraient manipuler l'histoire. Par exemple, quelqu'un pourrait créer une vidéo générée par l'IA qui soutiendrait les négationnistes de l'Holocauste".

Le propriétaire du compte POV Lab explique que ses vidéos "ne sont à pas à prendre comme des faits réellement historiques" mais servent "à encourager les viewers à faire leurs propres recherches". Certains experts y voient le même côté bénéfique puisque ces vidéos peuvent amener "le public à s'intéresser et se sensibiliser à l'Histoire" selon l'égyptologue Elizabeth Frood.

Théotim Raguet