En grosse difficulté, Disney+ accusé d'avoir menti sur ses chiffres

La plateforme de streaming Disney+ s'est lancée aux Etats-Unis en 2019, puis progressivement partout dans le monde courant 2020. - Disney+
Une nouvelle ombre au tableau pour Disney. L'un de ses actionnaires, le fonds de pension Local 272 Labor Management, a déposé plainte ce 12 mai contre Disney auprès du tribunal du District Central de Californie. La plainte vise également Bob Chapek, l'ancien PDG, ainsi que Christine McCarthy, directrice financière du groupe depuis 2015.
Entre le 10 décembre 2020 et le 8 novembre 2022, ces derniers sont accusés d'avoir "à plusieurs reprises trompé les investisseurs sur le succès de la plateforme Disney+ en dissimulant les coûts réels de la plateforme, les dépenses, la difficulté de maintenir une croissance robuste de ses abonnés et en affirmant que la plateforme était sur la bonne voie pour atteindre la rentabilité et 230-260 millions d'abonnés payants dans le monde d'ici la fin de l'année fiscale 2024", résume la plainte.
Cette plainte vise à obtenir une décision de justice pour ouvrir un recours collectif au nom de tous les actionnaires de Disney pour la période visée.
Prix de lancement attractif pour attirer les abonnés
La plateforme de streaming Disney+ s'est lancée aux Etats-Unis en 2019, puis progressivement partout dans le monde courant 2020. Ce lancement avait été couplé à une vaste réorganisation interne en rapprochant ses divisions médias et divertissement afin de mettre l'accent sur ses plateformes Disney+, Hulu, ESPN+ et Star.
Il est reproché au groupe d'avoir réalisé des projections trop optimistes sur sa croissance alors que son "nombre initial d'abonnés avait été stimulé temporairement et de manière non-durable par un prix de lancement bas, à 6,99 dollars par mois".
Ces tarifs étaient accompagnés d'une "multitude de promotions supplémentaires à court terme et à faible coût", couplé à "une audience quasi-captive de consommateurs qui étaient confinés à la maison en raison des restrictions liées à la Covid-19", déplore l'actionnaire.
Des "coûts faramineux" pour la création de contenus
La plainte souligne également les "coûts faramineux" engagés par Disney pour "créer le contenu nécessaire afin d'attirer un si grand nombre d'abonnés, dans la guerre de streaming hautement compétitive qui faisait alors rage parmi les nombreux concurrents de Disney, tels que Netflix, Apple TV+, Amazon Prime, Paramount+, HBO Max, YouTube et Peacock."
Alors que certains programmes étaient censés être destinés dès le lancement à Disney+, certains d'entre eux ont d'abord été lancés sur les autres chaînes traditionnelles du groupe, selon la plainte. L'objectif : transférer les coûts de production et de marketing pour alléger ceux alloués exclusivement à Disney+.
Et de conclure : "Disney+ n'a jamais été en mesure d'atteindre les chiffres de rentabilité et d'abonnés de 2024 fournis aux investisseurs, et ces estimations n'avaient pas de base raisonnable dans les faits."
Chute du nombre d'abonnés
La croissance rapide du nombre d'abonnés à Disney+ a dopé le cours de bourse de Disney, passant de 85 dollars en mars 2020 à 197 dollars en mars 2021. Mais l'entreprise a vu sa base d'abonnés reculer pour le deuxième trimestre consécutif début mai, faisant retomber le cours de l'action à 93 dollars actuellement. Il totalise désormais près de 158 millions d'abonnés dans le monde, contre plus de 230 millions pour Netflix.
Conséquence: l'actionnaire estime avoir subi une perte économique, accusant Disney d'avoir fait gonfler son cours de bourse en communiquant de fausses informations.