"Porte dérobée, "kill switch": Nvidia refuse d'intégrer des dispositifs de surveillance à ses puces

Repéré par The Verge, David Reber Jr., chef de la sécurité chez Nvidia, a récemment rédigé une note de blog. Il explique dans ce dernier que les puces produites par l'entreprise n'ont et ne devraient avoir "ni porte dérobée, ni 'kill switch', ni logiciel espion". Une annonce qui marque l'opposition de l'entreprise aux volontés du gouvernement américain.
Dans la course à l'innovation, les États-Unis veulent conserver le droit de contrôler leurs puces. D'où la mise en place d'un "kill switch", un outil qui permet de rendre les puces inutilisables à distance, et d'une porte dérobée, un autre outil qui permet d'infiltrer les appareils équipés du composant.
"Afin d'atténuer le risque d'utilisation abusive, certains experts et décideurs politiques proposent d'imposer l'installation de 'kill switch' matériels ou de contrôles intégrés permettant de désactiver à distance les processeurs à l'insu et sans le consentement de l'utilisateur", a déclaré le chef de la sécurité de Nvidia.
"Une réaction excessive"
L'annonce survient alors que de grosses tensions commerciales existent entre la Chine et les États-Unis. L'industrie technologique chinoise dépend énormément des puces électroniques américaines. Pour développer ses IA, le pays d'Asie est particulièrement friand des puces H20 produites par Nvidia.
Pour ralentir son concurrent asiatique, le gouvernement Biden a, à de maintes reprises, tenté d'entraver l'exportation de ces précieuses puces vers la Chine. Mais ce choix fait courir un risque économique majeur pour Nvidia. Aujourd'hui, la commercialisation des puces avec la Chine a bien repris.
En mai 2025, les politiques américains ont alors créé le "Chip Security Act" (à ne pas confondre avec le "Chip Act"), un texte de loi qui vise à empêcher les usages "non-autorisés" de puces d'origine américaine. Ce texte impose notamment l'implémentation "de mécanismes de sécurité pour contrôler l'emplacement de la puce", décrit le site du Congrès américain.
Mais certains élus veulent aller plus loin avec l'intégration de ces "kill switches" et de ces portes dérobées. Les constructeurs de semiconducteurs comme Nvidia sont censés intégrer ces mécanismes de surveillance à leurs produits avant le 11 novembre 2025.
"Ce n'est pas une politique judicieuse. C'est une réaction excessive qui nuirait de manière irréparable aux intérêts économiques et à la sécurité nationale des États-Unis", déclare le cadre de chez Nvidia.
De leur côté, les Chinois prétendent que ces dispositifs de contrôle sont déjà inclus dans les puces qui leur sont vendues. Les rendre obligatoires incitera davantage le marché chinois à se détourner de Nvidia. Afin de ne plus dépendre des États-Unis, la Chine cherche déjà à produire ses puces localement.