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Élection américaine: comment les podcasts masculinistes ont façonné la victoire de Trump

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Ces derniers mois, Donald Trump est apparu dans plusieurs podcasts masculinistes afin de convaincre les "bros", soit les jeunes hommes, de voter pour lui.

"Le patriarcat est de retour". Ce mercredi 6 novembre, l’influenceur masculiniste Andrew Tate s’est réjoui de la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. Et il n’est pas le seul. Au cours de ces derniers mois, le futur président des États-Unis s’est montré aux côtés de plusieurs personnalités masculinistes dans des podcasts pour séduire le jeune électorat masculin.

Joe Rogan, Lex Fridman, Logan Paul... Au cours des derniers mois, Donald Trump est apparu dans une quinzaine d’entre eux, comme le rapporte le magazine Forbes. Objectif: séduire les "bros" ("frère" dans le sens de "potes", en français), soit les jeunes hommes.

Toucher les "bros"

Dans ces podcasts, le futur président des États-Unis ne parle pas que de politique, s’exprimant dans un style différent que lors de ses meetings. Sports de combat, addiction... Il y a abordé divers sujets pour séduire les jeunes hommes.

Le 25 octobre dernier, Donald Trump était l’invité de Joe Rogan, célèbre animateur du podcast "The Joe Rogan Experience" qui compte 18,3 millions d’abonnés sur Youtube et qui a attendu le dernier jour, soit le 5 novembre, pour annoncer qu’il le soutenait.

Pendant près de trois heures, celui qui est aussi connu comme commentateur de l’Ultimate Fighting Championship (UFC), championnat populaire de MMA, a parlé avec Donald Trump de l’émission de téléréalité de ce dernier (The Apprentice), des policiers souffrant de stress post-traumatique ou encore d’Elon Musk. Dans cet échange qui cumule 45 millions de vues, Donald Trump a également tenté de convaincre les "bros" de voter pour lui en affirmant qu’il supprimerait l’impôt sur le revenu s’il redevenait président.

Avec l’humoriste Theo Von, il a parlé de ses enfants, de sa passion pour l’UFC et de son patron, Dana White, affirmant que "personne ne peut faire ce qu’il a fait" et qu’il a fait du MMA "un sport ultra-populaire". Donald Trump est aussi revenu sur son frère, Fred Trump Jr., qu’il admirait. Ayant “un problème avec l’alcool", il est mort d’une crise cardiaque causée par son addiction, à l’âge de 42 ans. Publié en août, ce podcast cumule plus de 14,4 millions de vues.

Le même mois, Donald Trump a fait une apparition sur la chaîne Kick du streamer américain Adin Ross, qui a été sanctionné sur Twitch à plusieurs reprises, notamment pour des propos homophobes, avant d’en être définitivement banni. Lors de cette interview, le streamer lui a offert une montre Rolex et un Cybertruck décoré aux couleurs de son slogan "Make America Great Again", avec le drapeau des États-Unis et la célèbre photo prise après sa tentative d’assassinat en juillet dernier.

Atteindre une autre cible

Donald Trump a aussi été interviewé par le youtubeur Logan Paul ou encore le podcasteur Lex Fridman, connu pour avoir échangé plusieurs personnalités masculines, notamment de la tech (Elon Musk, Jeff Bezos, Mark Zuckerberg...), dans son émission. Comme le rapporte le magazine Vanity Fair, il avait passé Thanksgiving avec Ivanka Trump et Jared Kushner l’année dernière.

En octobre, le milliardaire a également invité les Nelk Boys, youtubeurs à l’origine connus pour leurs blagues et qui parlent de plus en plus de politique dans leur podcast, dans son jet privé Trump Force One, après être apparu dans leur podcast en mars 2022 et en avril 2023.

Ce n’est pas pour rien que Donald Trump s’est tourné vers ces podcasts masculinistes pour atteindre les "bros". Écoutés par des millions de personnes et populaires auprès des jeunes, ces derniers ont permis d’atteindre une autre cible, qui ne regardent pas ou ne consultent pas les médias traditionnels.

Kamala Harris a, elle aussi, fait des apparitions dans des podcasts, en particulier pour s’adresser aux jeunes femmes, rappelle la BBC. C’était un moyen pour elle, comme pour Donald Trump, de mieux se faire connaître, en parlant de sujets plus personnels, comme l’a indiqué Lea Redfern, professeure à l’université de Sydney, à La Croix.

Mais cette stratégie a été plus payante pour Donald Trump, avec l'écart de vote entre hommes et femmes dans les Etats clés lors de l'élection. Si les femmes ont largement favorisé Kamala Harris, les hommes ont été nombreux à choisir Donald Trump.

Selon les premiers sondages publiés par le site ABC News, la Géorgie présente le plus gros écart en termes de genre pour le vote, avec un avantage de 12 points chez les hommes pour Donald Trump (55% contre 43% pour Kamala Harris) et de 7 points chez les femmes pour Kamala Harris (53% contre 46% pour Donald Trump).

Kesso Diallo