Disparition de Morgane: les enquêteurs peuvent-ils exploiter son téléphone, même cassé?

Le téléphone de Morgane Rivoal, 13 ans, pourra-t-il permettre de retrouver la jeune adolescente, disparue depuis le 25 novembre dernier? Après un conflit avec son père sur l'utilisation des réseaux sociaux par la jeune femme, ce dernier a cassé le téléphone de l'adolescente, avant de le conserver. Désormais entre les mains des enquêteurs, l'appareil pourrait-il livrer de précieuses informations pour localiser Morgane?
Techniquement, il est pour le moins probable que les composants liés à la mémoire du mobile soient encore opérationnels, y compris si le smartphone a été violemment jeté par terre ou contre un mur.
Un appareil probablement exploitable
"Si la carte-mère du téléphone n'est pas touchée, il ne devrait pas être très compliqué d'accéder aux données" estime Centho, spécialiste en informatique, auprès de Tech&Co.
"Il est très rare qu'un téléphone soit cassé au point de ne plus être exploitable. Il faudrait par exemple qu'il soit percé. Bien souvent, un appareil, même jeté au sol et physiquement abîmé, peut être exploité" abonde de son côté Baptiste Robert, spécialiste en cybersécurité, auprès de Tech&Co.
"En revanche, il y a le sujet de l'accès aux données de l'appareil, notamment si un code d'accès a été activé. A ce moment, les autorités doivent utiliser des outils pointus, type Cellebrite, pour 'pirater' le mobile. Cela fonctionne sur de nombreux modèles, bien que les iPhone, notamment avec les dernières versions d'iOS, puissent résister à ce type de logiciels" ajoute Baptiste Robert.
Mais le téléphone en lui-même est loin d'être le seul point d'accès à des informations permettant de retrouver Morgane, notamment à ses récentes conversations avec d'éventuels proches. À commencer par ses échanges sur des réseaux sociaux, comme Snapchat, Tiktok ou Instagram.
Demandes aux plateformes
Faute d'accès direct aux comptes de la jeune fille - par exemple si sa famille avait accès à ses mots de passe, les enquêteurs devraient ainsi demander certaines données aux plateformes elles-mêmes. Du moins pour certaines informations, comme la liste des correspondants, ou des utilisateurs avec lesquels des messages ont été échangés.
"S'agissant de la correspondance privée, une réquisition judiciaire est toujours possible pour obtenir la liste des correspondants, par exemple aux opérateurs français, ou à Snapchat. Mais la demande doit émaner d'un magistrat" explique Alexandre Archambault, avocat spécialisé en numérique, auprès de Tech&Co.
Mais obtenir le contenu des conversations, comme les messages privés échangés sur Instagram ou Snapchat, pourrait s'avérer bien plus complexe.
"Concernant les contenus des conversations, c'est considéré comme de l'interception, qui doit être demandée par un juge d'instruction dans le cas de criminalité ou de délinquance grave. Ce qui n'est pas forcément le cas pour une disparition de mineur" explique Alexandre Archambault.
Par ailleurs, le cas des demandes adressées à un acteur français (comme un opérateur téléphone) est différent du cas d'une demande adressée à un réseau social, explique l'avocat. Snap ou Tiktok étant basés en Irlande, ils ne sont pas légalement tenus de répondre aux réquisitions judiciaires françaises.