Dark French Anti System: comment les douanes ont démantelé la dernière grosse plateforme française du Darknet

La plateforme DFAS affiche désormais cette image. - DOUANE FRANÇAISE
Stupéfiants, armes, données bancaires piratées, fichiers sensibles... Depuis 2017, Dark French Anti System (DFAS) a permis à des personnes mal intentionnées d'acheter de nombreux produits illicites. Dernière plateforme d'envergure du darknet français, elle a été démantelée le 8 septembre par les douanes, indique un communiqué publié ce vendredi 10 octobre, qui dévoile de nouvelles informations.
La plateforme réunissait plus de 10.000 utilisateurs, qui avaient notamment la possibilité d'accéder à des fichiers sensibles. Parmi eux figurent des fichiers de police tels que le TAJ (traitement des antécédents judiciaires), le FPR (fichier des personnes recherchées) ou encore le SIS (système d'information Schengen). Selon Le Parisien, les acheteurs ont pu les obtenir pour quelques dizaines voire centaines d'euros en fonction de la demande.
"Souvent les gens qui souhaitent accéder à tel ou tel fichier de police, veulent tout simplement savoir s'ils sont dedans... S'ils font l'objet d'une enquête par exemple", a précisé un haut responsable de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED) au journal.
Le créateur de DFAS arrêté et mis en examen
Les douanes ignorent cependant si ces fichiers sensibles provenaient d'agents de police en service corrompus. "On n'a jamais testé la véracité des offres. Est-ce qu'ils sont capables de fournir ce qu'ils vendent? On ne sait pas", a indiqué le haut responsable.
Outre le démantèlement de DFAS, après des mois d'enquête, les agents de la DNRED ont aussi interpellé son créateur et administrateur, âgé de 28 ans. Il est décrit comme un "informaticien autodidacte" qui "évoluait depuis des années dans l'écosystème du darknet". Ils ont aussi arrêté un complice, âgé de 36 ans. Les deux hommes ont été mis en examen.
Dans le cadre de leur enquête, les douanes ont saisi l'intégralité des données hébergées sur le serveur de la plateforme, ainsi que l'équivalent de 600.000 euros en bitcoins. "De petites quantités de stupéfiants ont également été découvertes lors des perquisitions", a fait savoir la DNRED.
Après avoir ouvert une information judiciaire, la section Cyber 33 du parquet de Paris a confié la suite de l'enquête à l'Office anti-cybercriminalité (OFAC) de la Direction générale de la police nationale. Elle sera chargée d'exploiter les données saisies afin de tenter d'identifier d'autres acteurs de DFAS.
Il s'agit de la cinquième plateforme du darknet démantelé par la DNRED depuis 2018, après La Main Noire, French Deep Web, Le Monde Parrallèle et Casa Nostra. Si le service de renseignement s'en réjouit, il est cependant conscient que le combat n'est pas terminé, car une nouvelle plateforme finira par remplacer DFAS.