Aux Etats-Unis, pour lutter contre les vols en magasin, des drones pourraient bientôt poursuivre et traquer les voleurs

Comme un air de remake de La mort aux trousses, version 21e siècle... Aux Etats-Unis, une entreprise, Flock Safety, qui travaillaient jusqu'à présent uniquement avec les forces de l'ordre, est en train de se faire une spécialité de la surveillance et de la chasse aux voleurs en magasin, grâce à des drones.
Concrètement, un drone est stationné sur le toit d'un magasin ou d'un centre commercial. Il est doté d'une caméra et peut être appelé à la rescousse par l'équipe de sécurité d'un magasin où a eu lieu un vol. Il peut ensuite suivre la ou les personnes impliquées, ainsi que le véhicule utilisé pour "fuir" sur plusieurs kilomètres. Sur son site web, l'entreprise annonce un taux de 89% dans la réussite de la localisation d'un suspect, et précise pouvoir intervenir en 86 secondes en moyenne.
Le flux vidéo émis par la caméra du drone peut également être envoyé aux autorités, qui peuvent donc décider d'intervenir.
Un drone pour être rapidement sur les lieux
Selon Technology Review, le concept commence à prendre, notamment en Californie. La start-up a en effet signé avec Morning Star, qui est spécialisé dans la culture de tomates et utilise des drones pour sécuriser ses installations. Mais Flock peut aussi se charger de la sécurité de campus, d'hôpitaux ou encore d'entrepôts. Il s'agit alors de réserver un peu de place au sommet du bâtiment pour qu'il puisse s'envoler sans encombre.

Pour réussir à faire voler ses drones massivement, Flock va pouvoir compter sur les règles assouplies que l'Administration fédérale de l'aviation (FAA) est en train d'élaborer. L'organisme prévoit en effet de rendre l'accès à un permis de vol pour un pilote bien plus facile, notamment en fonction des activités d'une entreprise.
D'autant qu'il y a une place à prendre. Plusieurs départements de police aux Etats-Unis ont commencé à utiliser des drones comme "first respondant", autrement dit comme le premier appareil sur les lieux d'un crime ou d'une disparition. En décembre 2024, le site People faisait état d'un enfant de 10 ans retrouvé dans le Colorado grâce à un drone ayant pu rapidement analyser la zone montagneuse dans laquelle il s'était perdu.
Big Brother dans le ciel?
Reste que les activités de Flock, ainsi que les recours de plus en plus nombreux aux drones sur le territoire américain, inquiètent les défenseurs de la vie privée et des droits civiques. Selon Rebecca Williams, spécialiste du secteur pour l'Union américain des libertés civiles, c'est "un pas logique vers la mauvaise direction".
Il s'agit aussi d'une énième attaque contre le quatrième amendement de la constitution, qui doit protéger les citoyens de perquisitions et de saisies illégales. Malgré ce risque, les lois visant à limiter ou mieux encadrer ces pratiques restent au point mort dans un sénat américain polarisé. A cela s'ajoute la quantité de données personnelles acquise par Flock, qu'elle pourra ensuite monétiser.
Car pendant les survols de drones, l'entreprise est également en mesure de scanner les plaques d'immatriculation et de cartographier minutieusement un quartier ou une zone. Des données que les agences fédérales américaines, comme celle luttant contre l'immigration illégale, l'ICE, peuvent ensuite s'offrir dans le cadre des programmes mis en place par l'administration de Donald Trump.