Plus de la moitié des maisons françaises sont concernées: comment la sècheresse accélère le fléau des logements qui se fissurent

Ça craque dans nos maisons. Le phénomène de retrait/gonflement des argiles (RGA) fragilisent de plus en plus de maisons à mesure que les épisodes de sécheresse et de fortes pluies se multiplient. Selon une nouvelle étude du spécialiste de la data PriceHubble et que vous révèle BFM Business ce mardi 8 juillet en exclusivité, 54% des maisons françaises sont soumises à risque moyen ou fort, et des dizaines de milliers sont hautement vulnérables.
C'est un véritable fléau aggravé par le changement climatique. Le principe: les sols argileux se gonflent au moment des pluies avec l'humidité, puis ils se rétractent lors des épisodes de sécheresse et de fortes chaleurs. C'est la succession et la multiplication de ces phases qui fait bouger le sol et qui déstabilise la structure de nos maisons.
Aujourd'hui, plus de la moitié des maisons se situent dans des zones exposées à ce phénomène soit 10,5 millions. Il y a évidemment des territoires plus concernés que d'autres et surtout, même sur des terres argileuses, la vulnérabilité des maisons n'est pas la même partout.
Le centre et le Sud-Ouest plus exposés
Cette nouvelle étude chiffre beaucoup plus finement le nombre de maisons véritablement très vulnérables. PriceHubble a recoupé la nature des sols avec la forme des maisons et la pente du terrain.
Il en ressort que les maisons en forme carrée ou rectangulaire sont beaucoup moins vulnérables que celles en forme de U, en L ou de forme complexe. Les terrains les plus pentus sont également les plus à risque.
Côté régions, les quatre plus exposées sont la Nouvelle Aquitaine, l'Occitanie, l'Ile-de-France et le Centre-Val de Loire.

De la même manière, à l'intérieur de ces régions, il y a des villes où c'est même la majorité des habitations qui menacent de se fissurer. Ainsi à Mouguerre, dans les Pyrénées-Atlantiques, 80% du bâti est considéré comme fortement vulnérable. À Foulayronnes (Lot-et-Garonne), c'est 77%.

Le montant des indemnisations va exploser
PriceHubble travaille sur une plateforme plus détaillée à destination des banques et des assureurs pour qu'ils fassent eux même les préconisations des travaux à réaliser.
Mais alors que faire quand on est exposé à ce risque?
- un trottoir autour de la maison d'1,50 à 2m de largeur
- retirer les arbres à proximité immédiate
- vérifier l'étanchéité de vos gouttières et organiser l'évacuation des eaux de pluie
- Contrôler les fondations (même les coûts de réparation sont énormes, de 20.000 à 80 000 euros selon les cas)
Les travaux peuvent certes s'avérer extrêmement couteux mais faute de stabilisation, votre maison perd énormément de valeur. Et certaines sont même devenues invendables.
En cas de déformations ou de fissures, peut-on espérer des indémnisations de la part de l'assurance? C'est tout problème de ce fléau, il n'y a pas de couverture spécifique dans votre assurance habitation. La seule solution pour se faire indemniser est la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle par l'État. Depuis le début de l'année, 6 arrêtés spécifiques ont déjà été publiés pour 1500 communes.
Et avec la multiplication des séquences de sécheresses, ce phénomène devient de plus en plus couteux. La Fédération Française de l'Assurance estime que le coût des sinistres liés au RGA va atteindre 43 milliards d'euros sur la période 2020/2050 faisant de ce phénomène le plus couteux du régime de catastrophe naturelle, devant les inondations.

Le montant des sinistres liés à la sécheresse étaient d'environ 14 milliards d'euros sur la période 1990-2020. Mais il pourrait exploser dans les prochaines décennies. La Fédération France Assureurs l'estime à 43 milliards d'euros entre 2020 et 2050.
Ce qui explique d'ailleurs la hausse des prix de toutes les assurances habitations. Tous les assurés ont payé plus pour financer ce régime "Catnat" et les travaux des maisons les plus exposées: c'est ce qu'on appelle la mutualisation du risque.
Ce qui fait que ceux qui habitent en zone à risque réussissent tout de même à trouver un assureur, même plus cher. Selon un assureur, cela leur coûtera généralement entre 30 et 40% de plus mais c'est toujours mieux qu'en Californie, assure-t-il, où après les incendies, les assurances ont fait exploser les coûts à leurs clients les plus exposés.