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"J'attendais 42.000 euros d'aides": ces propriétaires en plein travaux inquiets par la suspension de MaPrimeRenov

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Entre le budget en baisse, les fraudes en hausse et l'explosion du nombre de dossiers, le gouvernement a décidé de suspendre le dispositif tout en espérant le rétablir "avant la fin de l'année". Une catastrophe pour les particuliers et les entreprises.

Un coup de massue a frappé les particuliers et les entreprises de la rénovation hier. Le gouvernement, en la personne du ministre de l'Economie Eric Lombard, a confirmé que le dispositif MaPrimeRénov va être suspendu. Le gouvernement a toutefois "bien l'intention de rétablir le fonctionnement avant la fin de l'année". La raison? L'Agence nationale de l'habitat est dépassée. Et ce pour plusieurs raisons qui s'entrechoquent les unes les autres.

Tout d'abord, cette année, le budget alloué par l'Etat a baissé, en revanche la demande, elle, a explosé. Entre janvier et mars, 33.222 dossiers de rénovation d'ampleur ont été déposés et 17.178 aides ont été accordées. C'est trois fois plus d'aides accordées qu'au premier trimestre 2024, rappelle l'Anah. Ensuite, le retard dans l'adoption du projet de loi de finances a retardé les aides. Et enfin, les fraudes explosent.

Les Experts de l'immo : Maprimerenov', le dispositif sur la sellette - 04/06
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Un marasme auquel le gouvernement entend mettre fin, au détriment des particuliers qui se sont lancés dans des travaux de rénovation et des entreprises qui les entreprennent. Car les particuliers dont les dossiers en cours d'instruction se demandent s'ils risquent de se retrouver sans subvention.

RMC raconte l'angoisse de Charles Train à Laruscade en Gironde: "Les prévisions d'aides étaient de 42.000 euros pour un budget travaux de 91.000 euros. Là honnêtement s'il n'y a plus d'aides je ne sais pas comment on fait. C'est un peu anxiogène".

Et il ajoute: "Si on n'a pas ces aides, ça fausse complétement le budget qu'on a prévu". Un coup dur pour les clients mais également pour les entreprises. François-Maxime Fuchs, co-gérant de Archenergie témoigne: "Le marché va être complètement réduit donc les entreprises vont être obligées de diminuer en taille, en compétence et en volume".

"Des milliers de clients laissés pour compte"

Olivier Salleron, président de la FFB alerte: "On ne peut pas appeler à accélérer la rénovation énergétique et, dans le même temps, saboter un des seuls outils qui fonctionne ! Il faut choisir. Pérenniser MaPrimeRénov’, c’est restaurer la confiance, redonner du pouvoir d’achat aux plus modestes. Le gouvernement ne peut pas tergiverser sur un tel sujet, 100.000 emplois se trouvent menacés et la colère gronde".

Même son de cloche du côté de Jean-Christophe Repon, président de la CAPEB: "Les artisans attendent maintenant des garanties claires sur le maintien de ce dispositif et la détermination de l’Etat à le renforcer en organisant une répartition des fonds avec pragmatisme".

Et il s'inquiète: "Ils veulent savoir si les dossiers déposés jusqu’au 30 juin 2025 seront effectivement tous réglés. Ils s’interrogent aussi sur l’avenir : s’agirait-il d’un simple gel temporaire ou d’une refonte complète du dispositif en 2026? Les entreprises artisanales du bâtiment ont besoin de visibilité et de stabilité, en particulier dans ce contexte économique compliqué où leur activité et leur trésorerie sont fragilisées".

"Derrière ce possible gel des aides, ce sont des milliers de clients laissés pour compte et des milliers d'emplois dans le secteur qui pourraient se trouver durablement menacés. Il est urgent d’agir et de soutenir le secteur avec des mesures durables et visionnaires", déplore Philippe Notargiacomo, le président de HomeServe Energies Services.

https://twitter.com/DianeLacaze Diane Lacaze Journaliste BFM Éco