L'exode des Franciliens post-confinement : mythe ou réalité?

L'Ile-de-France se vide-t-elle de ses habitants? Si les multiples confinements et couvre-feux ont incité les Franciliens à quitter la région, la réalité sur le terrain est plus nuancée. L'exode n'a pas vraiment eu lieu, même si de nombreux ménages ont profité de la période (et surtout des taux bas) pour changer d'air et de logement. Des sauts de puce pour s'éloigner de la capitale et acheter plus grand à un prix moins élevé. Le site d'annonces immobilières SeLoger dévoile les principales zones de recherches des candidats à l'achat et leurs critères.
La Bretagne attire les Franciliens
"Toute la planète immo s'accorde à penser que l'Ile-de-France se vide de ses habitants - et nous constatons en effet une perte d'attractivité (-9 pts entre février 2020 et mai 2021) - mais c'est encore la région la plus recherchée sur SeLoger par les Français en général (1 recherche sur 3)", note Séverine Amate, Porte-parole du Groupe SeLoger.
Ainsi, la part des recherches immobilières des Franciliens localisées en Ile-de-France est passée de 86% en février 2020 à 77% en mai 2021, selon les données du portail immobilier.
>> Estimez le prix de votre bien immobilier avec notre simulateur gratuit
Des envies d'ailleurs qui se concrétisent par une hausse des volumes de recherches des Franciliens dans certaines zones:
- En Bretagne : +29% (entre la période mai-août 2021 par rapport à la période janvier-avril 2021)
- En Provence-Alpes-Côte d'Azur : +19%
- Dans la région Pays de la Loire : +18%
- En Occitanie : +16%
- Dans les Hauts-de-France : +12%
- En Nouvelle-Aquitaine : +13%
Et dans ces régions, il ne s'agit pas que de simples recherches. Les Franciliens passent à l'acte, comme le montrent les chiffres des demandes de mise en relation entre acheteurs franciliens et vendeurs sur place. Celles-ci progressent ainsi de 56% en Bretagne (toujours entre les périodes janvier-avril 2021 et mai-août 2021) et de 51% dans les Pays de la Loire.
Inversement, d'autres régions ne semblent que faire fantasmer les habitants de la région parisienne, à l'instar de la Corse. Dans cette région, les recherches des Franciliens progressent de 46% mais les mises en relation de seulement 4%.
Dans le détail, pour les autres régions :
- Dans les Hauts-de-France : +38%
- En Provence-Alpes-Côte d'Azur : +34%
- En Occitanie : +32%
- En Nouvelle-Aquitaine : +30%
Les villes moyennes prennent leur revanche
Portée par les nouveaux usages liés au télétravail, la demande pour les villes moyennes ou encore les zones périurbaines est très soutenue, notamment pour les biens avec un extérieur. Un argument de taille pour conclure une vente. La demande s'oriente ainsi majoritairement vers les maisons, neuves ou anciennes. Et pour acheter une maison, et boucler son budget, il est souvent nécessaire de s'éloigner. Mais là où le type de bien recherché est un des éléments qui explique la tendance actuelle, les changements sociologiques profonds viennent également bouleverser le marché.
Un phénomène observé par les notaires du Grand Paris à l'intérieur même de la région capitale. Ils constatent ainsi une hausse des volumes de vente de maisons ayant un impact sur les prix. "Depuis le début des années 2000, de façon très régulière, 17% des ventes de maisons anciennes étaient localisées en zone rurale. Mais avec la crise sanitaire, la zone rurale draine désormais 20% des ventes de maisons, confirmant cet intérêt nouveau des acquéreurs pour les secteurs les plus éloignés, où les surfaces sont souvent plus confortables, avec des jardins plus grands. Cette évolution, qui pourrait paraître anecdotique, est en réalité inédite", expliquent-ils. Et cela se traduit par une augmentation du volume des ventes de "1% du 1er semestre 2019 au 1er semestre 2021 sur l’ensemble de l’Ile-de-France. Mais les volumes ont augmenté de 14% dans les zones rurales alors qu’ils ont perdu 2% en zone urbaine et 3% en zone périurbaine".