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"Les souris, les rats et les cafards vivaient avec nous": un marchand de sommeil devant la justice

Un rat (illustration)

Un rat (illustration) - pxhere CC0

L'homme, qui touchait près de 350.000 euros par an avec ses loyers, s'est offusqué des accusations portées contre lui: "On leur donne un appartement correct, je suis peiné, je suis atterré par leurs déclarations".

Ancien boucher-charcutier devenu multipropriétaire au coeur de Marseille, Raphaël Zennou, 85 ans, touchait près de 350.000 euros par an avec les loyers de ses locataires. Mais il nie être un "marchand de sommeil", même si ces logements étaient insalubres et envahis par les rats.

"On s'en fout, on s'en fout pas" : Un marchand de sommeil devant la justice à Marseille - 13/11
"On s'en fout, on s'en fout pas" : Un marchand de sommeil devant la justice à Marseille - 13/11
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Jugé depuis mercredi et jusqu'à vendredi, pour "soumission de personnes vulnérables à des conditions indignes d'hébergement" et "mise en danger d'autrui", notamment, devant le tribunal correctionnel de Marseille, l'octogénaire s'est offusqué des accusations portées contre lui.

"On leur donne un appartement correct, je suis peiné, je suis atterré par leurs déclarations", s'est-il défendu, assis à la barre, en raison de son état de santé.

Jugé aux côtés de son épouse et de l'homme à tout faire qui les aidait notamment à récupérer les loyers, l'ancien artisan assure même avoir "été toujours à l'écoute des locataires".

Les occupants de ses immeubles et appartements situés dans les quartiers populaires de Belsunce et Noailles, au centre populaire de Marseille, évoquent eux les nuisibles, les moisissures qui rongeaient les murs, les chauffages qui ne fonctionnent pas. "Les souris vivaient avec nous, les rats et les cafards, c'est une horreur", avait dénoncé un locataire aux enquêteurs, pointant aussi l'envahissement des parties communes par les trafiquants de cigarettes du quartier.

620 euros pour un T2 couvert de moisissures

Lorsque le tribunal diffuse des photos de lieux, le prévenu s'indigne: "La situation, je ne l'ai pas créée", oppose-t-il, assurant avoir "donné des produits".

Depuis le milieu des années 1990, l'ancien boucher-charcutier de Noailles et son épouse avaient acquis une soixantaine de logements, dont certains immeubles dans leur totalité, via deux SCI familiales. Ces logements étaient loués majoritairement à des bénéficiaires des allocations logement versées par la CAF.

En 2020, les revenus du couple s'élevaient à près de 346.000 euros. "Moi je suis sur le terrain et ma femme s'occupe de la paperasse", a expliqué Raphaël Zennou, qui tenait un petit bureau sur le marché des Capucins où ses locataires venaient verser leur loyer. Alors qu'elle avait passé un hiver sans chauffage, une femme vivant avec sa fille âgée de 16 ans avait témoigné auprès de la cellule "habitat indigne" de la Sureté départementale de sa peur de se retrouver à la rue. Elle payait donc rubis sur l'ongle 620 euros par mois pour un T2 couvert de moisissures, avec une pièce noire, sans eau chaude et infestée de cafards.

D.L. avec AFP