Refus de permis de construire: ces maires "heureux" d'être attaqués par les promoteurs

"2024, pire année pour le logement neuf." Au micro de BFM Business, Pascal Boulanger, président de la FPI, ne décolère pas. Depuis trois ans, il remue ciel et terre pour alerter de la situation. "Il a fallu que les taux d'intérêt montent un petit peu pour que tout explose."
Aujourd'hui, début 2025, les choses ne bougent qu'un tout petit peu. Pascal Boulanger contacte "une prise de conscience. On des feux verts". Néanmoins, lui, ne constate pas encore de début de reprise. Mais est-ce qu'il y a encore du foncier à exploiter pour appuyer cette reprise?
"Oui. Nous savons, nous promoteurs, trouver du foncier. Nous reconstruisons la ville sur la ville. Souvent on casse des vieilles friches", répond Pascal Boulanger.
Selon lui, le problème n'est pas le foncier. Le problème est dans l'autorisation de construire. "Il faut savoir que les PLU qui sont établis par les collectivités ne sont respectés par les maires qu'à 65% de leur capacité". Et il ajoute: "Les maires des zones rurales aimeraient bien pouvoir développer car il y a presque un abandon de la ruralité en France. D'un côté, il y a des maires qui aimeraient donner des permis et qui ne le peuvent pas à cause de la loi ZAN. Et de l'autre, des maires dans les villes denses qui disent 'doucement, doucement, doucement'".
Attaquer les PLU
C'est pourquoi les promoteurs ont décidé de passer à l'attaque. "Nous ce que nous faisons maintenant, c'est assez nouveau: puisque c'est la règle des maires de donner peu de permis de construire, c'est devenu la règle chez les promoteurs d'attaquer". Le président de la FPI développe: "On a beaucoup de refus de permis de construire. On ne peut plus accepter d'avoir tous nos permis de construire refusés".
"Nous faisons auditer nos permis de construire par des avocats dont c'est la spécialité. On prévient le maire: 'si vous refusez le permis, il est totalement légal donc on attaquera'. Nous gagnons dans 86% des cas."
Pascal Boulanger confie même que certains maires sont "heureux" de cette nouvelle manière de faire. Il raconte ce que certains maires lui confient: "Vis-à-vis de ma population, je ne peux pas signer le permis. Je sais que votre permis, monsieur le promoteur, est conforme au PLU. Vous le déposez rapidement, je le refuse rapidement, vous m'attaquez rapidement. Je dis à mon avocat de voir avec le vôtre. Je perds rapidement. Mais au moins ce n'est pas moi qui aie délivré le permis".