Crise du bâtiment: l'emploi ne s'effondre pas malgré une activité en repli de 6,6% en 2024

La Chine va envoyer 6.000 ouvriers en Israël pour répondre à une pénurie de main d’œuvre dans le secteur du BTP. (image d'illustration) - Noël Celis - AFP
De nombreux signaux sont au rouge. Depuis plus de deux ans, l'immobilier neuf connaît une grave crise, entraînant avec lui la filière du bâtiment. L'activité du secteur devrait se replier de 6,6% en volume en 2024, a estimé la Fédération française du bâtiment (FFB) ce mardi 17 décembre.
L'activité est plombée par le coup d'arrêt des constructions neuves, en particulier de logements (-22% en volume). Dans le détail, après -25% en 2023, les mises en chantier poursuivent leur chute, à -14% pour atteindre un plancher historique de 250.000 unités.
"Il faut remonter en 1954 pour retrouver un tel niveau!", s'exclame le président de la FFB, Olivier Salleron.
Seul l’amélioration-entretien progresse à +1% en volume, soit à rythme deux fois moindre qu’en 2023. "Dans le contexte actuel des objectifs climatiques, on devrait avoir beaucoup plus de rénovation", souligne Olivier Salleron.
Le secteur de la rénovation a dû faire face à la réforme ratée de MaPrimeRénov’ sur les cinq premiers mois de 2024, mais aussi au nouveau recul des transactions de logements anciens avec travaux immédiats.
La "grande glissade" de l'emploi en 2025?
Malgré ces chiffres catastrophiques, l'emploi ne s'est pas effondré. L’emploi ne baisse que de 2,2% en 2024, soit 30.000 postes salariés et intérimaires en équivalent temps plein perdus. Un niveau bien moindre comparé aux prévisions de la FFB, qui anticipait il y a encore quelques mois la suppression de 90.000 emplois.
"Dans l’immédiat, c’est une bonne nouvelle", réagit la Fédération. La casse est aussi limitée du côté des défaillances d'entreprises qui ne progressent "que" d’environ 25% en 2024, "retrouvant leur niveau de 2016, assez bonne année en son temps".
Mais ce maintien de l'emploi s'est fait au détriment de la productivité. Olivier Salleron pointe le "risque de fragilisation des entreprises avec une masse salariale sans rapport avec le niveau d’activité attendu". Il craint ainsi un report en 2025, et anticipe 100.000 destructions d'emploi si un nouveau projet de loi de finances n'aboutit pas.
Sans mesures de soutien, "en 2025, ce sera la grande glissade de l'emploi", alerte le président de la FFB.
"Le fragile exercice de prévision qui précède devra être révisé une fois voté la loi de finances pour 2025", concède-t-il tout de même.
"PLF pour le logement: encore raté"
La Fédération a regretté que le projet de loi de finances du précédent gouvernement n'ai pas pu être voté. "On aurait pu intituler cette présentation 'PLF pour le logement: encore raté'", a déploré Olivier Salleron.
"Il y avait tout ce qu'il fallait dans la loi de finances pour redonner cet influx aux citoyens pour réinvestir dans la pierre", a-t-il ajouté, répétant qu'il est "dingue" pour lui de laisser les entreprises sans visibilité.
Il appelle donc au vote au plus vite d'un nouveau Budget qui prévoirait l'élargissement du prêt à taux zéro, une exonération pour un an des droits de succession/donation jusqu’à 100 000 euros pour l'acquisition d'un logement neuf, la baisse de la Réduction de loyer de solidarité (RLS) et le dégel de l’enveloppe d’aides à la rénovation énergétique du parc social.
En complément, la FFB demande que soit sanctuarisé le budget de MaPrimeRénov’ au niveau d’aujourd’hui, soit 4,2 milliards d’euros. Par ailleurs, elle souhaite que la politique de simplification administrative soit poursuivie et qu'un travail soit engagé sur le statut du bailleur privé.