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Economie

Russie, Grèce, Argentine: un pays peut-il échapper au remboursement de sa dette?

Ne parvenant plus à rembourseur leur dette, des pays comme l'Argentine, le Liban ou la Grèce ont été contraints de négocier des accords avec leurs créanciers, en échange d'importantes réformes.

Lorsqu'un Etat ne parvient plus à rembourser sa dette, il risque de se voir couper l'accès au crédit par les institutions financières internationales, comme le FMI ou les investisseurs privés. Pour pouvoir de nouveau emprunter, le pays doit alors trouver un accord avec ses créanciers pour restructurer sa dette, souvent au prix d'un engagement à limiter ses dépenses – et souvent de graves crises économiques et sociales.

• 1982: Mexique

Le 22 août, le Mexique fait brutalement défaut sur sa dette. Le président Jose Lopez Portillo avait dépensé sans compter les surplus générés par l'argent du pétrole et accumulé les déficits publics. Le défaut mexicain entraîne une raréfaction internationale du crédit et provoque une crise de la dette dans d'autres pays en développement. Le Fonds monétaire international (FMI) apporte une aide en échange de réformes drastiques.

• 1998: Russie

À la fin des années 1990, en plus de ses difficultés internes, l'économie russe est déstabilisée par la crise des économies asiatiques et le recul des cours des matières premières. Le 17 août 1998, Moscou dévalue la monnaie, déclare un moratoire unilatéral sur sa dette étrangère de 141 milliards de dollars et renonce à honorer ses échéances vis-à-vis des créanciers nationaux. La Russie devra attendre 12 ans avant d'emprunter de nouveau sur les marchés obligataires internationaux.

• 2001: Argentine

En récession depuis 1999, l'Argentine enchaîne les plans d'austérité et ne contrôle plus sa dette extérieure. Début décembre 2001, le gouvernement plafonne les retraits en liquide dans les banques. Des émeutes sont sévèrement réprimées (33 morts). Le président Fernando de la Rua démissionne. Le 23, l'Argentine décrète un moratoire sur la dette nationale, entraînant un défaut de paiement d'environ 100 milliards de dollars auprès de créanciers privés et une profonde crise économique, politique et sociale dans le pays.

• 2015: Grèce

Fin juin et mi-juillet, engluée dans la récession et une austérité stricte depuis 2010, la Grèce fait défaut, en n'honorant pas deux remboursements au FMI pour un total de deux milliards d'euros. Un prêt d'urgence des Européens permet à Athènes de pouvoir à nouveau prétendre à l'aide du FMI. En août, un accord entre la Grèce et ses créanciers sur un troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros sur trois ans éloigne le risque d'un défaut.

L'austérité imposée par les créanciers d'Athènes provoque une intense crise sociale, relancée par la catastrophe ferroviaire du 28 février 2023, qui a fait 57 morts.

• 2017: Venezuela

Plongé depuis 2013 dans une profonde crise, accentuée par un recul des cours pétroliers, le Venezuela est déclaré à la mi-novembre 2017 en défaut partiel. Cette annonce ravive les inquiétudes sur les capacités du pays à rembourser sa dette extérieure alors que les sanctions américaines accentuent ses difficultés économiques. L'allié russe vient épauler Caracas en restructurant le 15 novembre un crédit. Le 2 janvier 2018, le Venezuela est de nouveau déclaré en défaut de paiement partiel.

• 2020: Liban, Argentine

Englué dans la crise, le Liban annonce le 7 mars être en défaut de paiement, sur une tranche de 1,2 milliard de dollars. Beyrouth demande une aide du FMI, qui annonce en avril 2022 un accord de principe pour un plan d'aide de trois milliards de dollars en échange de réformes.

En mai 2020, l'Argentine, qui négocie une restructuration de sa dette, connaît le neuvième défaut de son histoire. En mars 2022, Buenos Aires scelle avec le FMI un accord sur le refinancement de sa dette.

• 2022: Sri Lanka et Russie

Plongé dans la pire crise économique de son histoire, le Sri Lanka annonce le 12 avril 2022 faire défaut sur l'ensemble de sa dette extérieure, soit 51 milliards de dollars. En mars 2023, le FMI accorde à Colombo un plan d'aide de 2,9 milliards de dollars en échange de garanties en matière de lutte contre la corruption.

La Russie s'est pour sa part retrouvée au printemps 2022 dans l'impossibilité de rembourser sa dette avec des dollars détenus par des banques américaines, en raison des sanctions infligées à Moscou après son invasion de l'Ukraine. Le Kremlin a rétorqué avoir suffisamment de devises pour rembourser ses dettes et s'est insurgé contre un défaut de paiement acté par les créanciers internationaux, qu'il considère "illégitime".

J. Br. avec AFP