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Retraite

"Accabler le Medef, c'est dans l'ordre des choses": le patron des patrons raille les critiques mais se rendra bien à Matignon avec les syndicats

Le président du Medef Patrick Martin visite l'Université de Rabat au Maroc, le 29 octobre 2024

Le président du Medef Patrick Martin visite l'Université de Rabat au Maroc, le 29 octobre 2024 - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Le président du Medef Patrick Martin souhaite "que le dialogue social se poursuive" et a fait savoir qu'il répondrait présent à l'invitation de François Bayrou à se rendre à Matignon, mardi 16 juin.

"Il faut que le dialogue social se poursuivre", affirme le président du Medef Patrick Martin, au micro de Franceinfo, ce mardi 24 juin, au lendemain du dernier jour du conclave sur les retraites, qui s'est conclu sur un échec des partenaires sociaux à signer un accord.

François Bayrou a invité ces partenaires sociaux, syndicats et patronat, à se rendre à Matignon, mardi 24 juin, pour ne pas rester sur cet échec et trouver une "voie de passage". Patrick Martin a fait savoir qu'il répondrait présent à cette invitation.

D'autres organisations syndicales, comme la CFDT et la CFTC ont aussi fait savoir qu'elle acceptait l'invitation. La CGT, qui a claqué la porte des négociations, a également demandé à être reçu à Matignon.

"La solution, c'est qu'on nous donne les clés"

Fustigé, notamment par le CFDT, le Medef se défend d'avoir fait échouer les négociations. "On s'est prêté de bonne foi à cet exercice", assure Patrick Martin, "on a fait des propositions très robustes, très sérieuses". "Si vous croyez qu'on a 18 jours à perdre pour faire semblant de négocier, c'est une erreur d'appréciation", se défend-il "Accabler le Medef, c'est dans l'ordre des choses", raille-t-il par ailleurs.

Pour le président du Medef, si le conclave sur les retraites n'a pas pu permettre d'aboutir à un accord, c'est avant tout que "le format n'était pas le bon" et "a conduit à ce que chacun campe sur ses positions". Selon lui, la solution pour éviter ces blocages, "c'est qu'on nous donne les clés [...] sur les retraites".

"Prenons la main sur la gestion des retraites de base, appliquons une gestion responsable comme on le fait sur les retraites complémentaires, et les choses s'apaiseront et les solutions viendront", assure Patrick Martin.

Une 'voie de passage' existe pour le Medef

Malgré l'échec constaté lundi soir, "la 'voie de passage' elles existe", estime le président du Medef, qui estime que les organisations patronales ont "fait des avancées très significatives", et ce, malgré "des interférences politiques".

"On a fait des avancées significatives, je pense qu'on est pas loin d'un accord. Il faut savoir à un moment donné mettre de côté un certain nombre de points de frictions et il ne faut pas perdre de vue que la finalité économique de cette réforme", défend Patrick Martin, qui affirme que "la négociation a échoué sur les carrières longues".

"Les organisations syndicales ne veulent pas remettre en cause un certain nombre de dispositifs sur les carrières longues, ce qui permettrait de dégager des marges de manœuvre financière sans augmenter le coût du travail" , estime-t-il, accusant "un certain nombre d'organisations syndicales", d'avoir "l'objectif non-dit" de "faire partir le plus possible de personnes avant l'âge légal".

"Si l'objectif, c'est que 50% d'une classe d'âge partie avant l'âge légal ça ne marchera pas", affirme le patron du Medef, qui s'oppose à la proposition de la CFDT de reconnaître la pénibilité de certains métiers et de permettre aux travailleurs qui les exercent de partir plus tôt à la retraite si les entreprises ne mettent pas en place la prévention nécessaire contre cette pénibilité.

Le Medef s'oppose à une augmentation des cotisations

"Il ne faut pas qu'un éventuel accord se traduise par une augmentation du coût du travail", prévient Patrick Martin, alors que François Bayrou s'était engagé à donner le dernier mot au Parlement après le conclave sur les retraites.

Le président du Medef estime en effet qu'une augmentation des cotisations serait délétère pour l'économie française, dans un contexte déjà difficile. "Il faut prendre en compte un objectif humain et un objectif économique de croissance et d'emploi", défend-il, assurant être attaché à "équilibrer dans la durée les régimes de retraite", "ne pas altérer la croissance, l'emploi et le pouvoir d'achat" et "être raisonnable quant au nombre de personnes qui peuvent partir avant l'âge légal".

Selon lui, c'est d'ailleurs un défaut "d'accord sur les objectifs stratégiques" entre les partenaires sociaux qui a mené les négociations du conclave sur les retraites à l'échec. Patrick Martin s'estime cependant convaincu que le dialogue reprendra. "Nous serons constructifs et de partie prenante pour reprendre ces discussions", conclut-il.

Pauline Lecouvé