Placements: que faire de son argent si on a perçu un bonus?

Les milieux d'affaires sont habitués aux bonus, distribués notamment au sein des banques et des cabinets de conseil. Mais de plus en plus, cette forme de rémunération complémentaire, très répandue aux Etats-Unis, se propage à d'autres secteurs en France.
Si vous êtes les heureux bénéficiaires d'un bonus, suite aux performances professionnelles réalisées au cours de l'année écoulée, des placements sont à privilégier dans l'optique de vous construire un solide patrimoine dans le temps.
Pour commencer, évitez de tout dilapider dans le cadre d'achats compulsifs, "même si nous avons le droit de nous faire plaisir et de dédier 10 à 25% de son bonus à un ou plusieurs achats", estime Félix Rivière, responsable des investissements de Goodvest, une plateforme de solutions d'épargne, sur BFM Business.
Évitez également de laisser dormir votre bonus sur un compte courant. Il risque sinon de se faire progressivement grignoter par l'inflation.
Se constituer une épargne de précaution
"En priorité, il faut se constituer ou se reconstituer son matelas de sécurité, c'est-à-dire une épargne de précaution", souligne Félix Rivière.
L'idée est de pouvoir faire face à une ou des dépenses imprévues, comme des réparations sur votre véhicule suite à un accrochage. À vous d'évaluer l'épaisseur du matelas dont vous avez besoin, qui sera sûrement plus importante si vous avez un ou des enfants à charge.
Il est en règle générale conseillé de détenir "trois à six mois de revenus répartis entre des comptes courants, des livrets et éventuellement des fonds euros de l'assurance vie", précise Félix Rivière.
L'épargne de précaution doit être accessible et donc logée dans des placements liquides, comme le Livret A, une enveloppe entièrement défiscalisée, aujourd'hui rémunérée à 3%
Anticiper ses futurs impôts
Ensuite, il peut être judicieux de bien anticiper le montant de vos futurs impôts, mécaniquement gonflé par le bonus empoché.
"Un bonus, c'est du salaire, qui vient augmenter le revenu imposable", insiste Félix Rivière. Mieux vaut donc "sanctuariser une partie du bonus pour pouvoir s'acquitter de cette charge fiscale supplémentaire".
C'est l'année suivante, donc en 2025, que le salarié sera imposé sur son bonus perçu en 2024. Pour évaluer le surplus qu'il faudra verser au fisc, il suffit de "multiplier le montant de ce bonus par sa tranche marginale d'imposition", explique Félix Rivière.
Pour être sûr de dédier une partie de sa prime au paiement de ses impôts, le compte à terme (CAT) constitue une solution. Cette enveloppe permet bien souvent de bénéficier d'un rendement plus attractif que le Livret A. C'est un placement sécurisé, dont la durée, fixée à l'ouverture du compte, est variable, de quelques mois à plusieurs trimestres voire années.
Surtout, l'épargne logée dans un compte à terme est bloquée. Cette enveloppe représente ainsi "une vraie option" pour ne pas se laisser tenter par des dépenses, confie Félix Rivière, dans la mesure où l'argent n'est pas disponible. En cas de retrait effectué avant la date d'échéance prévue par le contrat, l'épargnant s'expose à des pénalités.
Un moyen de réduire ses dettes
Vous pouvez par ailleurs consacrer une partie de votre bonus à la réduction de votre dette, si vous en avez une.
"Cela peut avoir un intérêt, surtout quand votre dette est chère, que vous avez un prêt à la consommation ou un prêt étudiant, voire un prêt immobilier lié à l'acquisition de la résidence principale", explique Félix Rivière.
Mais qu'est-ce qu'une dette qui coûte cher? C'est un crédit avec des intérêts autour de 4-5% ou plus, selon l'expert de Goodvest. "C'est en tout cas difficile d'aller chercher avec son épargne des niveaux de rendements équivalents à long terme, du moins pas sans prendre un minimum de risque", ajoute-t-il.
Placer son épargne sur le long terme
Enfin, vous pouvez placer le reste de votre bonus sur des enveloppes qui permettent de faire fructifier votre argent sur le long terme.
"L'assurance vie peut être considérée comme la pierre angulaire d'une stratégie patrimoniale de long terme. Elle offre des avantages en matière de fiscalité et de diversification", relève Félix Rivière.
Ce placement propose différents supports d'investissement, entre son fonds en euros au capital garanti et ses unités de compte qui permettent d'investir dans divers types de titres financiers (actions, obligations, marché monétaire...). En outre, l'assurance vie offre une exonération partielle d'impôts au bout de huit ans de contrat, grâce à l'application d'un abattement fiscal sur les gains récupérés, de 4.600 euros pour un célibataire et de 9.200 euros pour un couple.
Outre l'assurance vie, le plan d'épargne en actions (PEA) permet d'investir dans des actions d'entreprises européennes. Un placement particulièrement risqué à court terme, mais potentiellement très rémunérateur sur le long terme. Les gains retirés d'un PEA après les cinq ans du plan sont totalement exonérés d'impôt.
Pour finir, le plan d'épargne retraite (PER) présente "un double bénéfice", selon Félix Rivière.
"Le PER permet de placer une partie de son bonus pour le faire fructifier sur long terme mais aussi de neutraliser une partie de la charge fiscale supplémentaire (liée à cette prime, ndlr), dans la mesure où chaque euro versé sur un PER vient en déduction du revenu imposable", rappelle le responsable de Goodvest.
Si le PER revêt plusieurs atouts, il faut avoir à l'esprit que ce placement permet avant tout de se constituer une épargne retraite. Les économies qui se trouvent sur cette enveloppe sont donc bloquées jusqu'à la fin de votre carrière professionnelle, même s'il existe des cas de déblocage anticipé (invalidité, décès, surendettement, acquisition de la résidence principale...).