"Un manque à gagner de 160,65 euros sur l'année": le Livret A va certainement rapporter deux fois moins qu'il y a six mois en août

Avec le net ralentissement de l'inflation, le taux du Livret A devrait s'établir à 1,6 ou 1,7% au 1er août si le gouvernement suit la formule de calcul traditionnelle. En janvier, le rendement de ce placement était encore de 3%.

Best-seller de l'épargne, le Livret A risque de faire de nombreux déçus dans les prochaines semaines. Détenu par plus de 56 millions de Français, le rendement du "petit livret rouge" va vraisemblablement baisser au 1er août pour tomber sous la barre des 2%.

"Avec un taux d'inflation extrêmement faible et avec la baisse des taux de la BCE, on devrait être à 1,6 ou 1,7%", contre 2,4% actuellement, explique Philippe Crevel, économiste et président du Cercle de l'épargne. Il s'agirait de la deuxième révision consécutive à la baisse après une première en février lorsque le taux du Livret A était passé de 3 à 2,4%.

Le rendement du produit d'épargne le plus détenu en France serait donc presque divisé par deux en l'espace de six mois. Pour un Livret A au plafond (22.950 euros), cela représenterait un manque à gagner de 160,65 euros sur l'année.

C'est du moins ce qu'il adviendra si le gouvernement suit la formule habituelle de calcul du taux, à savoir la moyenne de l'inflation hors tabac et du taux Ester (taux à court terme de la zone euro) sur les six derniers mois, sachant que l'inflation a nettement ralenti ces derniers mois. Hors tabac, sa moyenne s'est établie à 0,8%.

Le taux du LEP toujours au-dessus des 2%

Pour rappel, le taux du Livret A est révisé deux fois par an, au 1er février et au 1er août. C'est le gouverneur de la Banque de France qui, en suivant la formule de calcul évoquée ci-dessus, recommande au gouvernement le nouveau taux à appliquer. Le ministre de l'Économie, dont la décision devrait être rendue en début de semaine prochaine, est ensuite libre de suivre ou non ces préconisations. À noter que cela concernera également le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) dont le rendement est identique à celui du Livret A.

Le taux du Livret d'épargne populaire (LEP) destiné aux plus modestes est quant à lui fixé au niveau le plus élevé entre le taux d'inflation et le taux du Livret A majoré de 0,5 point. L'inflation étant faible, c'est la seconde formule qui s'appliquera, ce qui reviendrait à appliquer un taux de 2,1 ou 2,2%, contre 3,5% actuellement. "Toutefois, comme lors des précédentes révisions, le gouvernement pourrait ne pas suivre strictement la formule et fixer un taux arrondi à 2,5%" pour soutenir les petits épargnants, juge Philippe Crevel, ce qui se traduirait tout de même par un manque à gagner de 65,80 euros annuel par rapport à janvier pour un LEP au plafond de 10.000 euros.

L'économiste rappelle toutefois que "le rendement réel du Livret A restera positif, l’inflation étant restée faible ces derniers mois. Il devrait s’élever à environ un point, ce qui constitue un niveau relativement élevé par rapport à la moyenne des dix dernières années. Pour le LEP, le rendement réel pourrait avoisiner deux points".

Vers une baisse du taux d'épargne?

Avec cette deuxième baisse consécutive du taux du Livret A, "le gouvernement espère une baisse du taux d'épargne", qui reste à un niveau historiquement haut (18,8%), au profit d'une reprise de la consommation, explique Philippe Crevel. Mais pour lui "cela ne suffira pas".

Lors de la précédente baisse tu taux en février "on a constaté une baisse de la collecte du Livret A donc l''effet taux' est indéniable. Mais le taux d'épargne reste élevé. Les épargnants s'orientent plutôt vers l'assurance-vie", rappelle l'économiste. La collecte nette de l'assurance-vie a en effet atteint un plus haut niveau depuis 16 ans en mai. L'encours du Livret A demeure lui-même à niveau record, à plus de 445 milliards d'euros.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco