Quand la Chine investit plus d'1 milliard de dollars... dans le pétrole américain !

Ce sont peut-être les capitaux chinois qui vont revitaliser les champs pétrolifères texans, pour l'instant désertés par les investissements, sur fond de chute des cours. - Scott Olson - Getty Images North America - AFP
Les habitants des comtés d'Howard et de Borden au Texas vont rapidement devoir se mettre au Chinois. La compagnie d'investissement Yantai Xinchao Industry, alliée à un autre partenaire financier, Ningbo Dingliang Huitong Equity Investment, vont reprendre ensemble deux champs pétroliers majeurs du secteur.
Un investissement un peu curieux, car ces deux sociétés n'ont rien à voir avec le secteur de l'énergie, étant donnée qu'elle sont répertoriées comme... sociétés de promotion immobilière! Elles font partie de ces galaxies de fonds d'investissements chinois qui, entre autres, sont chargés d'investir dans les terres rares, les filons miniers ou même les matières premières à destination de l'électronique.
Feu vert des autorités américaines
Et finalement peu importe le secteur d'activité réel du repreneur, ou son identité, l'industrie pétrolière américaine doit lutter pour sa survie au milieu d'un contexte de plus en plus complexe voire dangereux financièrement. Cet investissement constitue un véritable ballon d'oxygène pour l'industrie pétrolière texane, pourtant si florissante il y a encore 5 ans. D'ailleurs, la pourtant très pointilleuse autorité américaine des investissements étrangers (CFIUS) a approuvé l'opération sans problème.
Les grands groupes américains de prospection et d'exploration, notamment ceux impliqués dans le secteur des gaz de schiste, sont actuellement dans une situation de plus en plus inextricable. Obligés de réduire leurs investissements et leurs capacités de production face à la baisse vertigineuse des cours, ils doivent en plus passer des milliards de dollars de provisions pour couvrir la dépréciation de leurs actifs.
Un dossier financier complexe et périlleux
Le tout au milieu d'un éco-système qui a fonctionné à grands coups de milliards de dollars de crédits et de financements signés il y a quelques années, au moment du grand boom du gaz de schiste... bulle désormais considérée comme une poudrière financière majeure et un possible cataclysme financier à venir.
L'arrivée d'acteurs chinois pour reprendre des actifs est un vrai soulagement, laissant les sociétés américaines en question éponger leurs dettes avec du cash, même issu de cessions au prix de la casse. Elle gagnent ainsi du temps et la possibilité de s'adapter à des cours qui en plus ont tendance à se stabiliser du côté des 40-50 dollars de manière durable.
Accord mutuellement avantageux
Côté chinois, l'affaire est excellente également. Déjà, il était jusque là quasiment impossible pour des petites compagnies indépendantes chinoises d'investir dans des nouvelles capacités de production, tout étant trusté par les énormes pétroliers d'état, Sinopec et PetroChina.
Le gouvernement chinois est soucieux d'ouvrir le marché, mais sans fragiliser ses grands pétroliers, essentiels pour un pays quasiment exclusivement importateur. Il laisse donc plus de libertés à de petites sociétés privées, chargées d'aller investir dans des champs à l'étranger, histoire de tâter le terrain. Et quel meilleur endroit que les Etats-Unis, où les gisements assurent une excellente production, mais en même temps où les actifs sont bon marché et où les exploitants ont besoin d'urgence d'argent frais?
Retour sur investissement de 30%!
Ainsi, la Chine peut mettre la main sur des actifs à bon prix, avec de grandes réserves de pétrole qui restent sous le sol, et c'est sans doute leur support le plus rentable! Un actif stratégique, dont on peut contrôler la capacité de production en fonction de l'intérêt et des prix, sur le long terme.
Le cabinet de recherche Canaccord Genuity a récemment sorti une étude prouvant qu'au vu des qualités des terrains pétrolifères texans, investir en ce moment précis dans des forages peut constituer un retour sur investissement annuel de 30%. Les groupes chinois y investissant sont donc a priori gagnants à tous les coups, à la fois financièrement, mais également dans une optique stratégique de concentration des ressources en matières premières.
Contexte toujours difficile
La seule action d'investissement d'importance, au milieu d'une conjoncture toujours très complexe et très négative: selon l'Agence Internationale de l'Energie, la baisse des investissements dans l'industrie est de plus de 20% depuis le début de l'année, et 2016 s'annonce encore pire.
On aurait deux années consécutives de baisse des dépenses, ce qui constituerait une première depuis plus de 2 décennies.