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De 5 à 4%: le taux du Livret d'épargne populaire va-t-il vraiment baisser au 1er août?

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La Banque de France a proposé vendredi d'abaisser le taux du LEP qui s'appliquera au 1er août à 4%, contre 5% actuellement. Mais dans un contexte politique pour le moins perturbé, un autre scénario n'est pas à exclure.

Mauvaise nouvelle en perspective pour les épargnants? Vendredi, la Banque de France a formulé ses propositions sur les nouveaux taux de rémunération des livrets d'épargne réglementée qui s'appliqueront au 1er août.

Évacuons d'emblée le cas du Livret A et du LDDS, leur taux étant bloqué à 3% jusqu'en 2025, conformément à l'engagement pris par Bruno Le Maire l'an passé. L'inconnue reposait surtout sur le Livret d'épargne poulaire (LEP), détenu par plus de 11 millions de Français.

Le Livret d'épargne populaire est destiné aux foyers modestes. Pour pouvoir en ouvrir un, une personne vivant seule ne doit pas voir ses revenus annuels excéder 22.419 euros. Son plafond est fixé à 10.000 euros depuis le 1er octobre 2023.

La Banque de France propose 4%

À 6% en début d'année, le taux du LEP aurait dû atteindre 4,4% au 1er février en appliquant la formule de calcul traditionnelle. La Banque de France avait finalement proposé un taux de 5%, accepté par le gouvernement. La rémunération du LEP étant fixée sur la base de la moyenne d'inflation des six derniers mois, elle devrait théoriquement se situer aux alentours de 2,5% au 1er août. Soit un taux divisé par deux.

Ce ne sera toutefois pas le cas: la loi précise que le taux du LEP doit correspondre au maximum entre la moyenne de l’inflation des six derniers mois et le taux du livret A majoré de 0,5 point. Auprès de BFM Business, la Banque de France précise que l'on parle ici du taux du Livret A théorique et non effectif. Soit le taux qui aurait été appliqué s'il n'y avait pas eu de blocage à 3%.

En l'occurence, cela ne change pas grand chose dans le cas présent. Le taux du Livret A étant le résultat d'une formule intégrant la moyenne entre le taux interbancaire de la zone euro et la moyenne semestrielle de l'indice des prix à la consommation hors tabac, il aurait dû s'établir à 3,1% au 1er août. En l'état donc, le nouveau taux de rémunération du LEP ne pourrait être inférieur à 3,1+0,5, soit 3,6%.

Jusqu'où ira le Livret d'épargne populaire?
Jusqu'où ira le Livret d'épargne populaire?
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Finalement, la Banque de France a proposé un nouveau taux à 4%, "soit nettement au-dessus de la formule (de calcul théorique, NDLR) qui donnerait 3,6%, et très au-dessus de l'inflation", a écrit le gouverneur François Villeroy de Galhau dans sa lettre adressée au ministre de l'Économie Bruno Le Maire.

Un taux inchangé en raison de la situation politique?

Reste à savoir ce que décidera le gouvernement, qui est libre de suivre ou non les préconisations de la Banque de France, sur le nouveau taux du LEP. Et compte tenu de la situation politique actuelle, difficile de faire un pari.

"Soit on considère que le gouvernement actuel gère les affaires courantes et laisse le taux du LEP inchangé, soit il décide de le baisser" en respectant la formule, explique Philippe Crevel, président du Cercle de l'épargne.

"Si le gouvernement de Gabriel Attal est encore en fonction, prendra-t-il le risque de baisser le taux du LEP ou préfèrera-t-il laisser à son successeur cette mission? Le passage de 5 à 3,5% serait évidemment mal perçu au moment où la question du pouvoir d’achat des ménages modestes est au cœur du débat public", poursuit Philippe Crevel. Pour lui, Bruno Le Maire pourrait aussi opter pour l'entre-deux en ne suivant pas totalement la proposition de la Banque de France et retenir par exemple un taux de 4%, au lieu de 3,6%.

Et que se passera-t-il si un nouveau gouvernement est nommé dans le courant du mois de juillet, avant l'entrée en vigueur du nouveau taux? "Un nouveau gouvernement aura certainement d'autres priorités que celle de fixer le taux du LEP", estime Philippe Crevel, ajoutant qu'un nouveau ministre de l'Économie, "surtout s’il est de gauche, ne voudra pas prendre, dans les premiers jours après sa prise de fonction, une mesure de baisse du taux du LEP" qui serait "peu populaire". "Il sera ainsi tenté d'opter pour le statu quo", conclut le président du Cercle de l'épargne.

https://twitter.com/paul_louis_ Paul Louis Journaliste BFM Eco