Ces erreurs à éviter quand vous investissez en Bourse en temps de crise
Structurer un portefeuille n'est pas toujours chose aisée. Encore moins par temps de crise. Pourtant, en veillant à ne pas tomber dans le piège de certains réflexes boursiers, les épargnants peuvent réussir à dégager des rendements plus conséquents. Même en ces temps incertains.
Ne pas investir une trop grosse somme en une seule fois
"Il y a deux bourdes à ne pas commettre. En tous cas en Bourse", estime le rédacteur en chef du magazine Le Revenu Christian Fontaine sur BFM Business dans l'émission BFM Patrimoine. "La première bourde, c'est d'investir une grosse somme d'un coup. Il y a un fait majeur au premier trimestre dont on n'a pas assez parlé. La Bourse a chuté de près de 40% en seulement 17 séances (…). C'est unique", assure l'expert.
"On avait déjà connu en 2002, 2003, en 2007 et 2009 (…) des chutes de Bourse plus importantes du CAC 40 de 60%. Mais là, en seulement 17 séances, on a baissé de 40%", détaille-t-il. "Pour pouvoir dormir tranquille", mieux vaut donc jouer la carte de la prudence, préconise Christian Fontaine. Lequel suggère, pour ce faire, d'étaler dans le temps les investissements que l'on souhaite faire en Bourse.
Un point de vue que partage Bertrand Tourmente, fondateur et gérant de la société de gestion privée Althos Patrimoine. Selon lui, si l'on souhaite lisser les risques et surmonter bon nombre de crises, il importe avant tout d'investir "de façon progressive (…) Si vous avez un million de côté, mieux vaut investir 100.000 euros sur dix mois plutôt que de tout investir d'un coup", explique le gérant pour qui la meilleure manière d'entrer sur un marché, "c'est d'y aller progressivement".
Oublier le 100% français
Les experts s'accordent, du reste, sur une autre erreur récurrente. Cette tendance qu'ont certains investisseurs français à ne miser "que sur des valeurs tricolores".
"Tous les épargnants, qu'ils soient débutants ou avertis, tombent dans le piège", estime Christian Fontaine. "C'est vrai que c'est naturel. On investit plus facilement dans les entreprises que l'on connait le mieux". Mais le hic, c'est que les entreprises françaises ne sont pas plus performantes en Bourse que leurs pendants étrangers. C'est le cas notamment de "Renault et de PSA dont les performances boursières sont moins élevées que celles de Tesla" par exemple, explique Christian Fontaine. D'où la nécessité "d'internationaliser ses placements" pour performer en Bourse, estime-t-il.
Parmi les valeurs qui ont "profité" de la crise, le rédacteur en chef du Revenu évoque notamment des valeurs technologiques américaines à l'instar de Zoom. Selon lui, il est souhaitable d'investir a minima "25% en actions américaines et 15% en actions émergentes".
Là encore, le fondateur d'Althos Patrimoine abonde en ce sens.
"Répartir son investissement actions à l'échelle de la richesse mondiale est essentiel", détaille Bertrand Tourmente. Selon lui, il peut, par exemple, s'avérer judicieux "d'investir 40% d'un portefeuille boursier en action US, 20 à 30% en Asie et le solde en Europe".
Pour quelle raison ? Parce que la croissance mondiale est surtout poussée par les Etats-Unis et l'Asie, poursuit le spécialiste. "Il faut raisonner à l'échelle mondiale. L'investisseur a souvent tendance à comparer avec les valeurs du CAC 40. Mais c'est une erreur. S'il ne faut retenir qu'un seul conseil, cela reste celui de la diversification. Et c'est valable sur toutes les classes d'actifs. Le mieux, si vous voulez sécuriser un portefeuille pour qu'il résiste à la crise, c'est d'y intégrer une part d'actions, une part de sécuritaire, une part d'immobilier et une part de private equity. Si vous avez ces quatre modules, vous risquez beaucoup moins".
Ne pas trop jouer la carte de la sécurité
De son côté, le cofondateur de net-investissement, Stéphane Van Huffel, considère qu'il y a aujourd'hui au moins deux erreurs à ne pas commettre. A commencer par le fait "de rester à 100% sur du placement sans risques" et de ne pas diversifier ses actifs.
Pour l'expert, il va sans dire que structurer un portefeuille avec 50% de fonds garantis et répartir "les 50% restants (…) avec des placements immobiliers, des actions internationales, des actions européennes et ensuite des actions thématiques avec des thèmes extrêmement profonds en termes de marchés (la santé, l'intelligence artificielle)" constitue un bon arbitrage. En procédant ainsi, les investisseurs pourraient parvenir à éviter de nombreuses "bourdes" et potentiellement dégager de meilleurs performances, crise ou pas crise, souligne Stéphane Van Huffel.
Eviter certains secteurs
Autre recommandation pour permettre à un portefeuille boursier de performer sans subir les affres d'une crise quelle qu'elle soit : celle d'éviter de se positionner sur certains secteurs.
Bertrand Tourmente l'observe régulièrement:
"Lorsque tout va bien, on a envie de miser sur des secteurs comme l'automobile ou le pétrole. Mais c'est une erreur. Il y a cinq secteurs à éviter dans l'absolu, peu importe le contexte macro-économique. L'automobile, le pétrole, les compagnies aériennes, les banques et le secteur de l'assurance. Ces secteurs ne doivent pas figurer en portefeuille", assure le gérant. Pourquoi ? Parce qu'ils sont "très cycliques" et "souffrent beaucoup en période de crise".