Assurance vie: voici les erreurs à éviter pour profiter au mieux de ce placement

Une hausse spectaculaire entre 2023 et 2024. Les dépôts sur les contrats d'assurance vie ont excédé de 29,4 milliards d'euros les prestations versées en cas de décès ou de retrait l'an dernier, selon les chiffres de France Assureurs. C'est 22 fois plus qu'en 2023 (1,3 milliard d'euros), d'après les données retraitées de la fédération professionnelle, et du jamais vu depuis au moins 10 ans. En face, le Livret A n'a gonflé "que" de 21,4 milliards d'euros l'an dernier, hors intérêts capitalisés, soit plus d'un quart en moins.
L'assurance vie reste ainsi le placement le plus important en valeur des Français, loin devant les Livrets A, Livrets de développement durable et solidaires (LDDS) et autres produits d'épargne réglementée. Pour la première fois de son histoire, elle a dépassé les 2.000 milliards d'euros déposés sur les différents contrats à fin janvier avec un capital moyen par souscripteur supérieur à 100.000 euros. Pourtant, ce placement nécessite de faire attention à certains points afin de véritablement en profiter et d'en maximiser le rendement.
S'assurer de la solidité de l'assureur derrière le contrat
En premier lieu, l'assurance vie ne doit pas être le placement prioritaire d'un investisseur, selon François-Xavier Soeur, gestionnaire de patrimoine chez Terrae Patrimoine: "Aujourd'hui, quelqu'un qui n'a pas d'objectif de transmission, qui est jeune, qui n'a pas besoin d'avoir un fonds euros garanti en capital car il va rapidement financer un projet immobilier, le PEA, le non-côté ou le compte-titre sont très bien et sont probablement beaucoup plus adaptés".
"A partir du moment où vous êtes mariés, vous êtes exonérés de droits de succession entre époux et vous n'avez pas d'enfants derrière donc il n'y a pas d'obligation de faire appel à une assurance vie."
En toute logique, le spécialiste invite les particuliers à surveiller la solvabilité et la qualité de l'assureur derrière le contrat d'assurance vie auquel ils envisagent de souscrire en raison de la durée relativement longue de détention du placement qui atteint en moyenne 13 ans.
De même, une attention toute particulière doit être accordée à la rédaction de la clause bénéficiaire dès la mise en place du contrat. L'Autorité des marchés financiers estime que 30% des clauses bénéficiaires sont mal rédigées. François-Xavier Soeur cite notamment le cas de personnes qui ont désigné des bénéficiaires directement par leur nom, qui se sont mariées avec mais qui ont divorcé après: "Quand c'est votre conjoint qui perçoit les fonds, ce n'était peut-être pas ce qui était voulu".
Ne pas miser uniquement sur les fonds euros
Comme pour tout placement, il est recommandé de diversifier l'allocation de ses fonds en assurance vie. "Souvent le particulier qui a de l'argent en assurance vie investit le gros dans un fonds euros parce que c'est moins risqué mais c'est moins risqué parce que c'est moins performant et c'est même souvent en dessous de l'inflation donc on perd de l'argent", déplore Alexandre Laing, patron de Turdigo.
"La clé est la diversification pour à la fois réduire le risque de perte totale ou partielle du capital mais aussi pour optimiser les rendements."
Un avis derrière lequel se range François Xavier-Soeur, qualifiant le fonds euros d'"hérésie dans beaucoup de cas". "Quand vous investissez à 20 ans, être garanti en capital va vous permettre de faire à peine plus que l'inflation et globalement, vous perdrez de l'argent à long-terme, confirme-t-il. Si vous avez 20 ans devant vous, faites du private-equity, de l'action, de la bourse. Les actions montent naturellement même si ce n'est actuellement pas le moment pour entrer en un seul coup: on entre à petites doses et on attend que les personnes au pouvoir nous fassent baisser les marchés."
Faire attention à la qualité du service et aux frais
Une autre erreur souvent commise est de ne pas suffisamment prendre en compte la qualité du service, dont la dégradation peut se ressentir à plusieurs moments, qu'il s'agisse de la souscription ou même dans le cadre d'ordres passés, selon le gestionnaire de patrimoine chez Terrae Patrimoine. "C'est aussi le fait d'avoir accès à un contrat qui va être actualisé: est-ce que vous avez un vieux contrat d'assurance vie sur lequel vous n'avez pas accès à du private-equity parce qu'il n'a pas été actualisé par exemple? C'est souvent le cas des contrats bancaires où on se retrouve avec des contrats sans signature électronique."
"Ce sont toutes ces choses-là qui font que quand vous avez besoin d'être réactif sur les marchés, de saisir une opportunité, vous ne pourrez peut-être pas l'être. Et ça c'est extrêmement néfaste sur la gestion stratégique du contrat pendant sa durée de vie."
De son côté, Alexandre Laing insiste sur l'importante d'avoir un service qu'il est possible de gérer soi-même "sans dépendre de l'accès à un conseiller qui va naturellement filtrer l'information et créer une latence."
Enfin, il faut veiller aux nombreux frais qui peuvent réduire le rendement potentiel du placement entre les frais d'entrée, les frais d'arbitrage voire des frais de gestion pilotée sur les organismes de placement collectif de valeurs mobilières (OPCVM). "J'ai déjà vu des clients qui ont pris 2-3% de droits d'entrée et derrière et ils ont 4% de frais de gestion par an: on ne peut pas performer avec ça", estime François-Xavier Soeur qui appelle cependant à ne pas s'attacher qu'aux frais mais plutôt à la performance nette de frais.
"Il ne faut pas se laisser guider que par du low-cost parce qu'au bout d'un moment, on a du low-cost et low-services et ça peut aussi mener à des catastrophes."