L'industrie chimique française "s'essouffle": sa production a baissé de 3,3% en 2022

Des fumées de cheminées d'usine en Suisse le 11 décembre 2014 - Fabrice COFFRINI © 2019 AFP
Frappée par la crise énergétique en 2022, l'industrie chimique, très friande de gaz et d'électricité, a vu sa production reculer de 3,3% l'an passé, en France, et s'attend à une année "encore difficile" en 2023, notamment en raison du "déficit de compétitivité" qui s'accroit avec les Etats-Unis.
"L'année 2023 devrait être à nouveau difficile pour la chimie (…) la dynamique qu'on avait connue jusqu'à maintenant pourrait s'essouffler", a estimé ce mardi le président de l'association France Chimie, Luc Benoit-Cattin, lors d'une conférence en ligne.
Risque de gel des recrutements
"On a plutôt un niveau bas de confiance de nos adhérents", avec un tiers d'entre eux qui "anticipent une réduction des investissements ou un gel des recrutements", a développé le responsable de l'organisation interprofessionnelle qui regroupe 1.200 entreprises du secteur en France et près de 4.000 établissements réunissant 225.000 salariés.
Deux tiers du chiffre d'affaires des industries chimiques françaises sont liés à l'exportation, a ajouté Luc Benoit-Cattin qui prévoit "un nouveau repli de la production en 2023", mais sans donner de chiffre précis à ce stade.
Un contexte défavorable à l’industrie chimique française
La production de l'industrie chimique française, l'an passé, a pourtant moins baissé que la moyenne européenne, grâce à ses activités importantes dans le secteur des savons et des parfums qui ont affiché de belles croissances. En Allemagne, le recul a atteint 11,9% l'an dernier et 6,2% sur l'ensemble de l'Union européenne.
En cause: le ralentissement de la croissance et du commerce mondiaux, mais aussi la poursuite de prix de l'énergie élevés en Europe, le contexte inflationniste, le resserrement monétaire ou les incertitudes liées au redémarrage de la Chine.
Dans ce contexte, le plan massif de soutien aux industries vertes aux États-Unis (Inflation Reduction Act, IRA) inquiète aussi, car avec 400 milliards d'euros d'aides publiques pour les industriels, il "amplifie" le déficit de compétitivité de l'industrie européenne. "Les investissements vont se poursuivre en Europe mais ils risquent d'être amoindris parce que la compétitivité des entreprises étant affectée, elles génèrent moins de cash-flow et cela induit de leur part plus de prudence dans la façon dont elles envisagent le court terme", a ajouté le président du principal lobby de la chimie.